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L’ESPAGNE


DEPUIS LA RÉVOLUTION DE FÉVRIER.




II. — SITUATION INTÉRIEURE.[1]




L’imprévu a joué le principal rôle dans la situation extérieure de nos voisins. L’intelligente fermeté du cabinet Narvaez a transformé en gage de sécurité les menaces que leur apportait l’ambition de l’Angleterre ; l’Espagne a été diplomatiquement émancipée par ce qui devait l’asservir, ouverte à toutes les alliances européennes par ce qui devait l’isoler. L’imprévu a-t-il exercé la même action sur sa situation intérieure ? À comparer la multiplicité exceptionnelle des dangers qu’a fait surgir le contre-coup de février avec le succès exceptionnel de la résistance, on est tenté de le croire. Le parti modéré, qui jusque-là n’avait tour à tour tenu tête aux carlistes et aux exaltés qu’au prix de longues luttes et d’accablantes alternatives, les a, cette fois, vaincus d’emblée et sans peine ; et dans quel moment ? dans un moment où les deux factions confondaient à Madrid leurs tentatives, à Londres leurs programmes, en Catalogne et en Navarre leurs soldats ; dans un moment où la propagande républicaine venait joindre à ce double effort de l’insurrection

  1. Voyez la livraison du 1er  juin.