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LE LENDEMAIN DE LA VICTOIRE.

LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

Le ministre de la guerre vient d’outrager grossièrement le suffrage universel. Je proteste.

PLUSIEURS AUTRES.

Moi aussi !

LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

(Il secoue le ministre du progrès, qui est endormi.) Réveille-toi et proteste.

LE MINISTRE DU PROGRÈS.

Je proteste… Contre quoi ?

LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

Contre le ministre de la guerre.

LE MINISTRE DU PROGRÈS.

Certainement ; il faut abolir la guerre et développer l’amour. (Il se rendort.)

LE CONSUL.

J’honore la franchise du ministre de la guerre… et j’accepte sa démission.

LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

Il faut nommer Galuchet.

LE MINISTRE DE LA GUERRE.

Galuchet ? Citoyen consul, tu trouveras mieux au bagne.

LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

Vas-y remplacer ton successeur.

LE MINISTRE DE LA GUERRE.

J’abdique aussi le grade de général que je n’ai point gagné, et je me retire simple soldat.

LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

Homme de cœur !

LE MINISTRE DE LA MARINE.

Imbécile !

LE MINISTRE DE LA GUERRE.

Je perçois des murmures inconsistans et des paroles plus qu’osées. Certains qui n’entendent pas mieux leur besogne que je n’entendais la mienne m’inculpent de mauvais citoyen et d’imbécile, parce que je m’en vais. Je les réciproque de cambusiers, parce qu’ils restent. Leur opinion sur moi m’est inférieure ; si la mienne sur eux ne leur va pas, je la mets dans le fourreau de mon sabre, qu’ils viennent la retirer ! (Il sort lentement.)


VII.


LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE, au consul.

Fais-le arrêter.

LE CONSUL.

Va l’arrêter toi-même. La parole est au ministre des travaux publics.

LE MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS.

Citoyens, un décret rendu sur ma proposition a ordonné la démolition et la vente des matériaux des ex-églises. Ces démolitions nationales marchent fort