Je demande formellement qu’on ne s’occupe pas tant de tuer et un peu plus de civiliser. Nous nous traînons dans les vieilles ornières, nous ne développons que la crainte, il faut développer l’amour. Cela est certain, cela est évident, car…
N’interromps pas l’ordre des délibérations. Tu parleras à ton tour.
On ne me laisse pas parler. Le ministre du progrès, qui devrait en quelque sorte diriger les délibérations du conseil, n’a jamais la parole qu’à l’heure de lever la séance. Le peuple murmure et demande ce que je fais.
Dis-lui que tu fais l’amour.
Mauvais plaisant !
Silence ! Le ministre de l’intérieur me proposera les mesures nécessaires pour fortifier l’état de siège et assurer la tranquillité publique. Le ministre des affaires étrangères a la parole sur la situation de son département.
Citoyens, nous n’avons d’envoyés qu’auprès des gouvernemens insurrectionnels. Ils n’ont pas tous été bien reçus. Leurs sentimens sont parfaits, mais en général ils manquent de capacité ou de prudence. Plusieurs ignorent la langue du pays où ils sont en mission ; ceux qui savent la langue prêchent des doctrines trop avancées. Un seul se montrait plein de talent et de prudence, c’est l’habile Filowski, dont vous connaissez tous les services démocratiques. Malheureusement, la passion du jeu l’emporte…
Eh bien ?
Il a eu des malheurs.
Il a beaucoup perdu ?
Non, il a beaucoup gagné. On nous le renvoie.
Calomnie ! Filowski est mon vieux camarade. Je réponds de lui comme de moi-même.
Belle caution ! — Le citoyen Filowski sera réprimandé, — et je l’emploierai ailleurs.
Le personnel diplomatique exige de grandes réformes ou de grandes mutations. On l’a choisi parmi les écrivains et les orateurs, et il est excessivement ignorant. En outre, ses mœurs ne répondent guère à ce qu’on attend de l’austérité républicaine.
Veux-tu qu’ils aillent à confesse ?