Ces cris sont séditieux. S’ils continuent, je dissous l’atelier, et je fais arrêter les coupables.
À bas les voleurs, les insolens et les traîtres ! À bas les scélérats qui ont abusé le peuple, et qui, parvenus au pouvoir, ne savent plus que nous insulter, nous décimer et nous faire mourir de faim ! Citoyens, laisserons-nous encore long-temps cette vermine nous dévorer ? Pour moi, j’aime mieux la mort. (À l’agent.) Regarde-moi, et reconnais-moi, pour m’envoyer au bourreau quand tu m’auras pris ! Mais, avant de me prendre, tu goûteras du pain que la république nous donne. (Il lui lance une pierre.)
Je suis mort : feu sur ces gredîns !
Barricadons-nous. Puisque nous ne pouvons vivre en travaillant, mourons du moins en combattant. Allons chercher la liberté jusque dans la tombe.
III.
Une Ferme.
Bon voyage, les Gervais ! Votre petit vin est gentil. Tranquillisez-vous, on soignera les vignes.
Voleurs ! craignez le bon Dieu !
Silence, Jeanne ! que ces brigands n’entendent pas nos plaintes.
Le bon Dieu ! il n’y en a plus de bon Dieu, la Gervaise ! Supprimé par décret de la république sociale.
Le bon Dieu, c’est le soleil. Celui-là est juste. Il n’en donne pas aux uns plus qu’aux autres. Il luira sur tes champs, maintenant qu’ils sont à nous, comme lorsqu’ils étaient à toi.
Dis donc, la Gervaise, demande au père Gervais ce qu’il en pense du bon Dieu. Si tu ne sais pas pourquoi l’église que nous venons de démolir était neuve, il le sait, lui !