république, mais de ceux qui sont morts depuis par suite de leurs misères et de leurs privations.
Ceux-là sont morts pour la république comme les autres ; vous auriez tort de les pleurer :
Assez ! Nous demandons à exercer notre droit au travail.
Tout à l’heure vous l’exercerez.
Nous sommes les passementiers, les brodeurs, les bijoutiers, les coiffeurs.
Vous auriez dû apprendre d’autres états.
C’est possible. En attendant, nous pensons que nous devons vivre. Le droit au travail est pour nous comme pour les autres.
Sans doute ; vous l’exercerez comme les autres.
Délégué des gens de lettres et des artistes. C’est dire assez les misères que je représente.
Quel est ton nom ?
Je le tais. Puissé-je l’oublier !
Pourquoi ?
Je ne voudrais pas que la postérité pût accuser la république d’avoir laissé mourir de faim un homme tel que moi. Je me nomme…
Ne me le dis pas. Si j’allais ne te point connaître, tu serais trop malheureux. Vivais-tu de ton métier ? Vous n’en viviez pas tous. Combien êtes-vous ici ?
Écrivains, peintres, musiciens, nous sommes quinze cents. Tant bien que mal, nous nous tirions d’affaire agréablement pour le public et pour nous. Nous étions l’esprit et le délassement de la nation.
Il paraît que la nation ne tient plus tant à s’amuser, ou que vous ne l’amusez plus. Que veux-tu que la république y fasse ?
Je voudrais que la république nous donnât du pain. Elle y est tenue par l’intérêt de sa gloire ou tout au moins par le devoir de la reconnaissance. Qui a fait plus que nous pour elle ?
Je ne vois pas en quoi la gloire de la république est intéressée à ce que vous