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aux forges approvisionnées par les minerais de l’île d’Elbe, ou même au pied des fourneaux de Newcastle et du pays de Galles. Aucune industrie locale n’apportait alors à la navigation un plus large tribut que l’industrie minérale.

Ainsi, les élémens de tonnage ne manquent point à Port-Vendres, et l’avenir maritime de cette place est plus vaste que Vauban lui-même n’avait osé l’espérer. Le rayon territorial du commerce du port peut être agrandi par l’amélioration des routes qui s’y réunissent : la Cerdagne espagnole, le haut Lampourdan, s’y rattacheraient avec plus de facilité qu’à aucun des ports de la Catalogne, et l’ouverture d’un chemin de fer l’étendrait jusqu’aux dernières limites du Languedoc, mais, avant de chercher des débouchés éloignés, il faut lever les obstacles à la circulation qui existent du côté de la terre, à l’entrée même de Port-Vendres : le tronçon de route montueuse qui sépare le bassin de la plaine est, par la difficulté du parcours, l’équivalent d’une distance sextuple, et fait l’effet d’un péage très onéreux placé à la porte du port. L’avenue du foyer de toute la circulation doit être la partie la plus large et la plus aisée de la voie, et qu’on ne dise pas que l’aplanissement en serait trop cher. Indépendamment de la richesse qu’elles répandent sur le pays, de pareilles dépenses sont un des moyens les plus efficaces de reconstituer le revenu public. En faut-il une preuve locale ? La moyenne des perceptions des douanes de Port-Vendres pendant les cinq années de 1833 à 1837 a été de 62, 308. Une intelligente impulsion a été donnée dans le département à l’amélioration des routes, et la moyenne des cinq dernières années s’est élevée à 138,419 francs ;[1] encore l’énorme diminution dont l’année 1845 est affectée tient-elle en grande partie à ce que, par suite de circonstances dont le détail serait ici trop long, des marchandises étrangères, qui d’ordinaire entrent en Roussillon par Port-Vendres, y sont venues par le Pertus et l’entrepôt de Marseille, où elles ont acquitté les droits. Les autres branches du revenu public obéissent dans des proportions diverses à la même impulsion. Bien différent d’une multitude de dépenses auxquelles on se livre avec une imprévoyante ardeur, le complément des travaux de Port-Vendres ne serait donc qu’un placement très fructueux fait au profit du trésor.

La destination de Port-Vendres est d’être, sur la mer des Pyrénées, l’épée et le bouclier de la Frande. Sa marine à vapeur, correspondant avec celle de Toulon, doit couvrir contre les agressions de cette force

  1. Les produits annuels ont été pour 1844 de
    229,958
    francs
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    1845 de
    29,530
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    1846 de
    215,406
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    1847 de
    162,911
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    "                    "                    "
    1848 de
    54,298
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