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en tant qu’elle n’est pas limitée par la constitution de l’empire ; ils gardent aussi toutes les dignités et tous les droits qui ne sont pas attribués à l’autorité centrale. Ces trois paragraphes furent admis après une discussion sans intérêt, et l’on passa au chapitre II, qui traite des droits du futur empereur.

Les quatre § 7, 8, 9 et 10, qui commencent le chapitre II, attribuent à l’autorité centrale le droit exclusif de faire représenter l’Allemagne auprès des puissances étrangères. À ce pouvoir seul appartient le droit de nommer des ambassadeurs et des consuls, le droit d’entreprendre des négociations diplomatiques, de conclure des alliances, de signer des traités, traités de commerce, traités maritimes, traités d’extradition à lui seul, enfin, le droit de régler toutes les relations internationales. Les états particuliers de l’Allemagne, dit le § 8, ne peuvent recevoir ou envoyer des ambassadeurs, excepté leurs plénipotentiaires, auprès du gouvernement de l’empire. Les états allemands sont autorisés à conclure des traités avec d’autres états allemands ; quant aux puissances étrangères, ils ne peuvent faire avec elles que des traités de police. Enfin, tous ces traités, qu’ils soient conclus avec des états allemands ou avec des états étrangers, doivent être portés à la connaissance de l’autorité centrale et même soumis à son approbation, si les intérêts de l’empire y sont engagés. La discussion de tous ces points ne fut pas longue. Les § 7 et 8, qui enlevaient aux états particuliers toute leur existence politique, contenaient pourtant des questions graves. L’assemblée n’hésita pas. Les réclamations de la Saxe, du Hanovre de la Bavière, du Wurtemberg, qu’était-ce que cela, en vérité, pour ces hardis législateurs qui venaient de voter le démembrement de l’Autriche ? Une fois décidés à tailler dans le vif, une fois l’opération vaillamment commencée, devait-on s’arrêter pour si peu ? Vraiment ce spectacle est singulier ; le calme de ces hommes, au moment où ils décrètent d’un trait de plume ce qui ne peut être que le travail des siècles, surprendra ceux-là même qui étaient le plus accoutumés aux bizarreries de l’esprit germanique. Ce n’est plus ici une assemblée de législateurs : c’est une académie, un institut, une brillante conférence d’historiens et de philosophes construisant, loin des profanes, une société imaginaire. M. Dahlmann est le Platon de ces poétiques promenades ; l’idéal qu’il s’est formé est la règle suprême ; il parle, et des disciples obéissans traduisent sa pensée en décrets, sans souci de ce bas-monde et de la vulgaire réalité.


III

Ce qui rend étrange encore l’inaltérable tranquillité des théoriciens de l’église Saint-Paul, c’est le bruit qui se faisait autour d’eux,