Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 3.djvu/355

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


Séparateur


14 juillet 1849.

La bienfaisance publique et la diplomatie sont-elles encore possibles en France, ou plutôt l’état peut-il encore faire sentir sa force et son influence au dehors ? Peut-il encore, au dedans, améliorer le sort des populations ? En deux mots, la France a-t-elle encore la vitalité nécessaire à l’accomplissement des fonctions d’un grand état ? Grave question qui est un doute pour quelques esprits attristés, mais que nous abordons le cœur et l’esprit pleins d’espérance et ayant à la bouche un oui ferme et sérieux. Oui, nous croyons que la bienfaisance publique est encore possible en France, quoique de détestables doctrines aient allumé la guerre sociale, quoique le lien d’affection et de reconnaissance entre le bienfaiteur et l’obligé semble rompu, quoique la charité semble avoir cessé d’être le devoir du riche depuis qu’on a voulu en faire un droit pour l’indigent, quoique Lazare ne soit plus le pauvre que nous étions habitués à plaindre dans l’Évangile. Lazare aujourd’hui n’est plus à la porte du riche, tendant la main et invoquant Dieu, quand les hommes le repoussent. Lazare s’est irrité. Il a pris sa revanche sur la terre, ne croyant plus la prendre un jour dans les cieux, et il l’a prises cruelle et impitoyable. Nous sommes revenus aux temps des républiques anciennes, à la guerre des pauvres et des riches. Voilà ce que nous entendons dire fréquemment et cependant nous croyons que la bienfaisance publique est encore possible en France. Non-seulement nous la croyons possible, mais nous la croyons efficace pour guérir les plaies de la société, pour apaiser la guerre qui nous dévore, pour réconcilier Lazare avec le riche. Cependant nous ne nous dissimulons pas que, si la bienfaisance publique est encore efficace, elle est aussi très difficile et qu’elle a des conditions toutes nouvelles.

Ce que nous disons de la bienfaisance publique, nous le disons aussi de la diplomatie. Elle est encore possible pour la France, mais elle a aussi des conditions toutes nouvelles.