son courage. Plusieurs lui disaient : Retirez-vous, on ne vous fera point de mal ; mais il ne répondait qu’en criant à ceux qui avaient du cœur de se joindre à lui. Il restait seul.
Oh ! mon cher Valentin !
Quel fou !
Enfin, ils lui ont jeté une corde et l’ont fait tomber. Alors, tandis que les uns se précipitaient dans l’église, les autres se sont emparés de lui et l’ont emmené. Je n’ai pu en voir davantage, je me suis enfui.
Ah ! Valentin ! que Dieu soit béni !
Mon fils, n’êtes-vous point blessé ?
Eh bien ! où en est-on ?
Ah ! monsieur de Lavaur, quel malheur !
Comme il est pâle !
Valentin, tu nous apportes quelque nouvelle terrible !
Es-tu soumise à la volonté de Dieu ?
Oui, parle.
Sais-tu qu’il faut baiser sa main, lorsqu’elle nous frappe, lorsqu’elle anéantit tout le bonheur que nous possédions, tout celui que nous avions rêvé, lorsqu’elle nous dépouille et lorsqu’elle écrase nos cœurs ?
Je le sais, je le crois, tu peux tout dire.
Mon Dieu ! si j’ai formé un juste dessein, secourez-moi !
Ah ! ce que tu crains de m’apprendre, je l’ai prévu. Tu veux aller combattre jusqu’à la victoire ou jusqu’à la mort, et tu viens me dire adieu. Eh bien ! tu connais ton devoir, tu l’as médité long-temps, je ne te détournerai pas de le remplir. Je ne pleurerai point, je ne t’arrêterai point, je ne t’embarrasserai point. Moi, je puis t’aimer plus que tout au monde ; toi, tu dois m’aimer moins que ta patrie. (Elle se jette à son cou.) Adieu ! Ta sainte mère m’a choisie et m’a donnée à toi dans ces jours de deuil pour être digne de ton cœur et du sien. Je resterai près d’elle, je la servirai, je l’aimerai. Je te promets, tant que tu vivras, de ne point mourir de douleur.