branches importantes du revenu public, reçut d’utiles améliorations. Enfin l’impératrice, en appelant dans la garde noble hongroise, qu’elle venait d’instituer, les jeunes gens des meilleures familles de la Transylvanie, en faisant élever à ses frais, à Vienne, de pauvres demoiselles nobles, qu’elle dotait et mariait ensuite à sa cour, avait gagné l’affection générale et cimenté l’union de la Transylvanie avec l’empire. On voit néanmoins que, dans les dernières années de son règne, ces sentimens de confiance et d’affection mutuelle s’étaient refroidis. L’esprit d’opposition, un moment comprimé, avait reparu ; Marie-Thérèse ne voulut plus convoquer de diètes. Son fils Joseph II devait aller plus loin. J’ai déjà parlé de Joseph II à propos de la Hongrie, je n’ai pas à revenir sur ce jugement ; on comprend quelle impression cet esprit systématique dut recevoir du spectacle de la constitution que nous avons décrite. De moins révolutionnaires que lui auraient bien trouvé qu’il y avait quelque chose à faire. Il en fit trop : les coups furent portés sans relâche et sans choix. En 1782, la chancellerie de Transylvanie fut allie et réunie à celle de Hongrie. En 1783, on supprima les couvens les plus riches, on confisqua leurs biens, et on enleva au clergé une partie de ses dîmes. En 1784, tous les privilèges qui jusqu’alors avaient été assurés aux trois nations souveraines de la Transylvanie furent abolis. Le pays entier fut divisé en treize comitats, ressortissant à trois districts principaux. On eut soin que le territoire des trois nations fût morcelé dans le nouveau partage pour qu’il ne restât plus vestige de l’ancienne constitution. Des commissaires extraordinaires furent envoyés avec les pouvoirs et les troupes nécessaires pour faire prévaloir de telles entreprises.
Il ne s’agit pas de savoir si les décrets de Joseph II auraient fait à la Transylvanie une constitution meilleure et plus conforme à une juste égalité : ce qui est certain, c’est que les réformes de ce prince furent odieuses à tous. Les Hongrois se croyaient dépouillés de leurs prérogatives nobiliaires au profit des Saxons. Les Saxons voyaient déjà les Hongrois établir dans leurs cités leur suprématie querelleuse. On avait supprimé les dîmes du clergé, réduit celles de la noblesse, mais les paysans devaient continuer à les payer aux receveurs impériaux. Tout était trouble et confusion. Les intérêts constitués sur l’ancien ordre de choses étaient profondément atteints, et aucun intérêt nouveau n’avait encore été créé, qui pût lutter contre leur conspiration unanime. Ceux mêmes au profit desquels les réformes semblaient devoir tourner, les Valaques, mécontens du recensement auquel on les soumettait et au bout duquel ils voyaient en perspective des levées plus considérables de soldats, se soulevèrent à main armée. La colère de la Transylvanie n’était pas moindre que celle de la Hongrie. Joseph II, par un le ces reviremens brusques qui sont le châtiment des esprits impérieux,