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Valaques ont pu être, dans ces derniers temps, anoblis par le souverain, mais ils comptent comme nobles dans les comitats hongrois, et leur anoblissement ne s’est opéré que par une sorte de dénationalisation. En matière d’impôts, de taxes et de libertés personnelles, les nobles jouissent d’ailleurs des mêmes privilèges qu’en Hongrie. L’origine commune des deux noblesses est constatée par le fait que les membres de chacune peuvent être également envoyés à l’une et à l’autre diète à la seule condition d’avoir des possessions dans le pays[1].

Il suit de cette différence dans le principe même qui préside à la formation de la diète transylvaine qu’elle n’est point séparée en deux tables, et qu’il n’y a ni première ni seconde chambre. Tous les députés siègent dans la même salle et prennent part ensemble à la délibération et au vote. Chaque fraction de l’assemblée occupe seulement des places déterminées, afin de se concerter sur les intérêts qui lui sont communs. Au milieu de la salle est une large table où se placent ordinairement les magistrats de la table royale. Ils forment comme le bureau de la diète. Toutefois, si les membres de la régence assistent aux séances, cette place leur est expressément réservée : c’est le banc ministériel. Les membres de la haute cour de justice, les comtes suprêmes ou gouverneurs des comitats, les capitaines des Széklers, les juges et sénateurs des siéges-saxons, font partie de la diète en vertu de leurs charges. Ce n’est pas au même titre qu’y siègent les régalistes. Dans une de nos lois électorales du consulat se trouvait une disposition présentant quelque analogie avec la loi transylvaine sur les régalistes. Les préfets avaient la faculté d’ajouter, sous le nom de notables, à la liste des électeurs censitaires, un certain nombre d’électeurs dont le vote pouvait changer les chances de l’élection. Il ne paraît pas que cette facilité ait eu les résultats qu’on s’en promettait. Dès qu’on confère à quelqu’un le droit de voter, on lui donne le droit de voter librement, et tous les calculs qu’on a pu faire sont déjoués par la spontanéité et l’indépendance de la volonté humaine. Nous avons vu cela avant la révolution de juillet ; les grands collèges, institués contre les progrès de l’opposition libérale, avaient fini par envoyer en majorité des députes constitutionnels On a voulu, par l’institution des régalistes, assurer au gouvernement, au sein même de la députation, un moyen de contre balancer une opposition factieuse. Les régalistes sont des notables

  1. La nation entière des Valaques, le plus grand nombre des paysans hongrois, et ceux des Saxons qui se sont établis au milieu des comitats hongrois, sont restés attachés à la glèbe jusqu’à la fin du siècle dernier. Affranchis nominalement depuis lors, ils ont participe peu à peu aux réformes qu’ont obtenues les paysans hongrois. Cependant l’Urbarium de Marie-Thérèse, qui allégeait le poids des charges rurales, n’a été admis en Transylvanie qu’avec de grandes restrictions ; jusqu’à ces derniers jours, le montant des redevances et corvées imposées aux paysans transylvains était d’un tiers au-dessus de celles que devaient acquitter leurs frères de Hongrie.