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tinée du 15, une reconnaissance fut tentée sur la rive gauche d’un de ces fleuves, qui coule à l’ouest de la forteresse, par le 7e bataillon d’infanterie. Le commandant en chef, avec deux autres bataillons, les 13e et 15e, marchait en même temps au front des fortifications ennemies. Bientôt on ouvrit sur tous points un feu soutenu, auquel la garnison de Djaga-Raga répondit vivement, sans parvenir à entraver les opérations accomplies par les Hollandais avec un sang-froid et un courage inébranlables. Vers six heures du soir, les Balinais firent une tentative de sortie qui fut énergiquement repoussée. À la nuit tombante, on suspendit les hostilités ; les troupes bivouaquèrent dans leurs positions. Le résultat de cette première journée était considérable. Les Hollandais s’étaient rendus maîtres de plusieurs redoutes, et on pouvait espérer pour le lendemain une victoire complète. Cet espoir ne fut pas trompé, et avant l’aube le combat, qui commençait avec une nouvelle ardeur, se terminait en peu d’instans par la déroute des Balinais, que la colonne du lieutenant-colonel Van Swieten avait vigoureusement attaqués. Les princes rebelles prenaient la fuite dans la direction de Karang-Assem, et, au lever du soleil, le drapeau néerlandais flottait sur les remparts de Djaga-Raga. On peut regarder cette victoire comme décisive : la domination hollandaise à Bali est désormais à l’abri de toute atteinte sérieuse. Les Hollandais ont fait admirer, dans cette rude campagne, leur courage autant que leur persévérance. Ce triomphe a été acheté, il est vrai, par d’assez grandes pertes : on compte, de leur côté ; cinquante-huit morts et cent soixante-quinze blessés ; mais la prise de Djaga-Raga affermit les bases de leur puissance coloniale, et ajoute une belle page de plus à leur histoire militaire.


D’UN MINISTÈRE DE LA POLICE.

On parle beaucoup, depuis quelque temps, de créer ou plutôt de restaurer le ministère de la police. Il y a des gens, les matérialistes de la politique, qui croient qu’en multipliant ou en restreignant les ministères, on change l’esprit du gouvernement. La France est sauvée, suivant les uns, si le conseil vient à compter quinze ministres au lieu de neuf, et si le cabinet, absorbant de plus nombreuses capacités, étend ses assises dans la chambre ; suivant les autres, si l’on réduit à trois le nombre des ministres, et si la trinité ministérielle simplifie le commandement à l’égard des dieux inférieurs de l’administration. Les uns et les autres ont cela de commun qu’ils font du pouvoir une sorte d’automate, et qu’ils tendent à remplacer par je ne sais quel mécanisme une impulsion qui doit embrasser tous les rouages et qui doit être de tous les jours.

L’expédient semblera puéril aux hommes qui sont versés dans la pratique des affaires. Le gouvernement est dans les hommes, dans les principes et dans les méthodes ; il n’est pas dans ces remaniemens d’attributions qui consistent à subdiviser ou à concentrer l’action administrative. On aurait, en vérité, trop bon marché des difficultés que rencontre ou que fait naître l’exercice de l’autorité, principalement dans les époques révolutionnaires, s’il suffisait, pour les