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active ; la répression n’est pas suffisante. Il faut combattre avec l’épée d’une main, édifier avec la truelle de l’autre : il est impossible, d’une part, de laisser l’esprit révolutionnaire souffler de partout sa propagande insensée ; mais, s’il faut lui faire des barrières qui le contiennent, il faut aussi qu’il trouve quelque part, dans les institutions politiques, administratives, municipales du pays, des murailles qui ne tombent pas toujours devant lui. Il faut qu’il ne trouve pas toujours toutes les portes ouvertes par l’inertie des gens de bien, et un accès facile dans des cœurs ou aigris par la misère, ou corrompus par une instruction superficielle et perverse. Il est nécessaire assurément d’assujétir à un peu de règle le désordre effronté des intelligences ; mais le désordre de nos lois, où les traditions du pouvoir absolu se heurtent avec les conditions de la liberté, croit-on qu’il soit possible de le laisser durer plus long-temps ? La majorité de l’assemblée nouvelle doit donc se montrer animée de tout l’esprit de résistance qui doit se trouver dans un parti conservateur énergique et de tout l’esprit de réforme dont doit faire preuve une opposition intelligente. Elle n’a rien à attendre, dans cette tâche, d’une minorité chimérique et violente, dont la destruction est le seul but, avec qui le progrès n’a rien à voir. C’est en elle-même, dans la nature même de son mandat, dans l’inspiration du sentiment publie dont elle est l’organe, qu’elle doit puiser sa résolution Elle n’a de conseils à prendre que de sa raison, et de compte à rendre qu’à la France. Quant à ses adversaires, elle doit discuter avec qui raisonne, et imposer silence à qui menace.


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