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future assemblée de Francfort. Le comité des dix-sept avait été chargé de rédiger un plan de constitution, et il l’avait communiqué à la diète dans la séance du 27 avril. Cette constitution, à laquelle avaient travaillé les partisans fougueux de l’unité germanique, était comme l’ébauche de celle qui a été votée par le parlement de Francfort, et qui, en ce moment même, incendie l’Allemagne entière. M. Dahlman, M. Gervinus, tous ces grands politiques d’université qui sacrifieraient leur pays à un système, faisaient partie du comité des dix-sept, comme ils feront partie du comité de constitution dans le sein du parlement de Francfort. Toute renouvelée qu’elle fût par l’adjonction des principaux chefs du libéralisme, la diète eut le sentiment des dangers de l’avenir, et, quoique désarmée, elle essaya une protestation. En face de la révolution qui grandissait chaque jour, elle osa se préoccuper des intérêts des gouvernemens, elle osa demander que l’assemblée de Francfort ne fût pas chargée toute seule de faire la constitution de l’empire, et qu’il y eût, soit au sein du parlement, soit en dehors, un organe quelconque du droit des souverains. La diète n’indiqua pas la voie qu’il fallait suivre ; seulement, dans sa séance du 3 mai, elle rédigea une adresse aux différens cabinets pour les prévenir du danger, pour les engager surtout à ne pas reconnaître l’omnipotence absolue de l’assemblée nationale. M. Welcker, plénipotentiaire du duché de clade à la diète, prit une part importante à toute cette affaire ; mais que pouvaient les efforts de M. Welcker ? Les cinquante étaient bien décidés à résister, et ils avaient pour eux l’opinion publique, ils avaient cet enthousiasme de l’unité allemande qui confondait déjà républicains et réformateurs, démagogues et libéraux, et leur ouvrait la route des abîmes. C’est précisément le président des cinquante, M. Alexandre de Soiron, qui avait fait décider par l’assemblée des notables que le parlement de Francfort serait seul chargé de voter la constitution. Et puis, les hommes les plus modérés, les plus sérieux chefs de parti, n’étaient-ils pas aussi infatués que les autres du système de l’unité ? M. Henri de Gagern, M. de Soiron, M. Heckscher, les trois hommes que le parti démagogique à Francfort honora de ses haines implacables, se montrèrent les plus, obstinés à empêcher tout accommodement avec la diète. M. de Gngern, ministre dans le duché de Hesse-Darmstadt et membre du comité des dix-sept, désavoua officiellement la part que l’envoyé de son cabinet avait prise à l’arrêté du 3 mai. M. Heckscher, le futur ministre de l’empire à Francfort, prononça, le lendemain 4 mai, un vigoureux discours où il défendait, avec toute l’autorité de son talent, la dictature de l’assemblée constituante. Quant à M. de Soiron, il s’agissait de son œuvre, il s’agissait du droit révolutionnaire qu’il avait fait attribuer à l’assemblée ; son énergique activité se multiplia. Tous enfin, sans se préoccuper des difficultés que leur réservait l’avenir, sans se demander si une