Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/885

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fonctions de secrétaires à MM Henri Simon, Venedey et Briegleb. Une fois le bureau formé, le comité décida que ses séances seraient publiques, et qu’elles auraient lieu dans la salle du conseil législatif de Francfort. C’est là qu’on se rendit immédiatement, et les délibérations commencèrent.

Je n’ai pas à raconter en détail tous les actes du comité des cinquante : qu’il me suffise de les résumer brièvement. Le comité était chargé par l’assemblée des notables de s’entendre avec la diète et de préparer la convocation du parlement de Francfort. On peut dire qu’il remplit fidèlement cette tâche. La diète, qui avait fait sa soumission le 3 avril par l’organe de M. le comte Colloredo, essaya bien de lutter dans plusieurs circonstances contre la domination du comité ; comment deux pouvoirs si différens, siégeant à côté l’un de l’autre, auraient-ils pu éviter toute occasion de conflits ? Ces conflits cependant, quoique très graves au fond et de nature à arrêter des esprits plus calmes, ces conflits ne furent jamais un obstacle pour le comité des cinquante. Au moment où l’Allemagne entière était soulevée, quinze jours après les révolutions de Berlin et de Vienne, lorsque M de Metternich était en fuite, lorsque Frédéric-Guillaume IV saluait de son balcon les cadavres des insurgés et se donnait le titre de roi allemand pour flatter les partisans de l’unité germanique, la dicte, en vérité, ne pouvait être bien redoutable. Le comité des cinquante n’eut pas besoin de beaucoup d’efforts pour maintenir le droit révolutionnaire que lui avait transmis l’assemblée. Il y avait d’ailleurs, entre le comité et la diète, une autre réunion qui pouvait leur servir de lien et empêcher de périlleux frottemens. Dans la séance du 10 mars, c’est-à-dire trois semaines avant la réunion des notables, la diète, voulant se maintenir, s’il était possible, en face de cette assemblée qui venait prendre sa place, avait entrepris elle-même la réforme des lois qui régissent la confédération germanique. C’était une révision légale avant l’entreprise révolutionnaire des notables. La loi constitutive de 1815 prévoit la révision du règlement de la confédération et prescrit certaines formalités à cet égard ; la diète décida que cette révision aurait lieu. En même temps, elle engagea les cabinets à envoyer dix-sept représentans, choisis parmi les hommes les plus populaires, pour former une sorte de comité consultatif qui aiderait la diète dans ce travail. On sait qu’il y a dix-sept votans aux conseils de la diète ; les gouvernemens devaient donc avoir un envoyé officiel et un envoyé libre. Ce conseil se réunit en effet ; M. de Gagern, M. Dalilmann, M. de Beckerath, M. Gervinus, en faisaient partie. Ce sont ces trois assemblées, la diète, les dix-sept et le comité des cinquante, qui ont dirigé les affaires générales du pays et travaillé à la convocation du parlement depuis le 4 avril jusqu’au 18 mai.

Cette tâche présentait plus d’une complication périlleuse. Qu’on veuille bien songer au bouleversement de l’Allemagne, qu’on se rappelle