Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/830

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

frère m’a parlé à cet égard ; mais je n’y fis aucune attention, ni ne répondis. J’étois au moment de quitter Paris ; j’étois incapable de rien entendre, de réfléchir à rien : une seule pensée m’occupoit, j’étois tout entière à cette pensée. Mon frère a interprété pour moi mon silence d’une façon fâcheuse. Je vous sais gré de l’espèce de reproche que vous me faites au sujet de l’impression de mes contes, puisqu’il me met à lieu[1] de connaître votre soupçon et de le détruire. Soyez bien certain que je n’ai point consenti à la publicité de ces contes, et que je ne m’en doutois même pas. J’espère que, quand vos affaires de famille seront terminées, vous vous fixerez à Paris : ce séjour vous convient à tous égards, et je voudrois toujours que votre position soit la plus agréable possible. Adieu. Vous voudrez bien, quand il en sera temps, me mander votre départ de Paris, afin que je ne vous y adresse pas mes lettres. Je compte encore rester quinze jours dans cette ville-ci. Après cette époque, adressez-moi vos dépêches à Fougères, à l’hôtel Marigny.

« Quoique vos dépêches soient les plus aimables du monde, ne les rendez pas fréquentes ; j’en préfère la continuité. Vous devez être paresseux, et moi-même

  1. C’est la même locution que nous avons déjà notée chez son frère. — On aime d’ailleurs la susceptibilité de Chênedollé. Le véritable sentiment a sa pudeur et souffre de toute publicité qui divulgue l’objet aimé.