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une position avantageuse, qui lui permettait de balayer par le feu de son artillerie la route et le plateau ; plus 2 pièces sur la route elle-même, — Quatre quatrièmes bataillons furent envoyés à l’extrême droite pour appuyer le flanc de la première division, et quatre quatrièmes bataillons, avec deux bataillons de bersaglieri, furent chargés d’appuyer le flanc gauche de la troisième division ; pour cela, les bersaglieri occupèrent le vallon situé à l’extrême gauche de la ligne, lequel n’était pas praticable pour des masses. — La division de réserve se rangea en colonnes en arrière de l’aile droite, près de la ville et de la route de Vercelli, qu’elle faisait éclairer continuellement par de fortes reconnaissances de cavalerie. — La quatrième division, également en colonnes, se plaça en avant du cimetière de Novara, derrière l’aile gauche. — La brigade Solaroli vint s’établir en arrière de Terdossio, sur la route de Trecate, qu’elle avait mission d’observer, pouvant de là s’employer utilement pour soutenir la quatrième division. Cette brigade avait une batterie d’artillerie (les batteries piémontaises sont de 8 pièces).

L’armée piémontaise, considérablement réduite par l’absence de la division lombarde, les malades, les blessés, les prisonniers perdus à Mortara et les soldats égarés pendant la nuit du 21 au 22, comptait encore un effectif de 76 bataillons donnant 44,000 combattans, 36 escadrons formant un effectif de 2,500 chevaux, et 111 pièces d’artillerie. Ainsi, sur un champ de bataille d’environ trois mille mètres, cette armée pouvait présenter 16 hommes par mètre, proportion qui fut rarement, sinon jamais, dépassée dans les batailles livrées en ordre profond jusqu’à ce jour.

À neuf heures et demie, toute l’armée était à son poste, et, à onze heures, le roi, monté sur un magnifique cheval noir, sortait du palais, suivi de tout son état-major, pour aller inspecter les positions, lorsque le bruit du canon annonça la présence de l’ennemi. Aussitôt ce prince partit au galop, et arriva au sommet de la colline couronnée par la Bicocca, salué de nombreux cris de vive le roi ! par les troupes placées sur son passage.

L’attaque de l’ennemi était vive, et le feu de son artillerie balayait la route et toute la hauteur de la Bicocca. Un peu au-delà de l’église de ce village et sur la droite de la route, se trouve un petit champ derrière une cassine. Ce fut là que le roi s’arrêta, près de la première ligne. À peine venait-il d’arriver, que les tirailleurs ennemis, refoulant vigoureusement les nôtres, firent pleuvoir une grêle de balles sur ce petit champ. Un carabinier placé à quelques pas du roi tomba frappé mortellement ; la première ligne ouvrit un feu de file, l’artillerie tira à mitraille. Le régiment de Gênes-cavalerie fit une charge brillante, et l’ennemi fut repoussé. Pendant ce temps, l’attaque s’étendit sur toute la ligne, et spécialement sur notre gauche et notre centre.