Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/744

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les résultats considérables qu’eût amenés une victoire obtenue, le 22 mars, à Tromello, parce que l’ennemi avait plus de confiance en lui-même et plus d’espace pour ses mouvemens de retraite ; néanmoins on pouvait espérer d’en recueillir encore de grands avantages. Si même l’issue de cette journée restait indécise, on était en droit de croire que le maréchal eût conclu volontiers un armistice ; car chaque jour pouvait amener sur ses derrières le général Alphonse La Marmora, qui, ralliant la division lombarde, était maître de franchir le Pô avec un corps de 16 à 18,000 hommes. La paix alors se fût probablement conclue ; l’Italie n’eût point obtenu son indépendance, cela est vrai ; mais le parti de la guerre, réduit au silence par la force des choses, n’aurait pas poussé l’impudence et l’orgueil, du moins j’aime à le croire, jusqu’à persister dans son erreur, en blâmant le roi de remettre à d’autres temps l’accomplissement de ses nobles desseins.

Le 23 mars, à cinq heures du matin, le général Chrzanowski présidait à l’établissement des troupes dans les différentes positions qu’il leur avait assignées. La route de Mortara à Novara, par laquelle devait s’avancer l’armée ennemie, rencontre, à environ un mille de Novara, un petit village appelé la Bicocca. Ce village est bâti au sommet d’une côte d’où il domine la ville, et au-delà de laquelle la route court en ligne droite sur un long plateau. De chaque côté de la Bicocca se trouvent deux vallées étroites, qui donnent à ce village, du côté de la ville, l’aspect d’un mamelon, et se prolongent sur un espace de quelques centaines de mètres, en remontant doucement vers le plateau que suit la route de Mortara. De l’autre côté de la vallée de droite s’étend une vaste plaine cultivée autour de quelques cassines, et qui se transforme en bruyères à trois cents mètres environ en avant d’une grande cassine appelée la Citadella. Cette plaine est coupée perpendiculairement sur Novara par un canal coulant presque parallèlement à l’Agogna, un peu au-delà, se trouve la route de Vercelli à Novara. Les troupes furent rangées en bataille sur une ligne d’environ trois mille mètres de longueur, depuis ce canal jusqu’à la vallée située sur la gauche du mamelon de la Bicocca. Le front de bataille fut formé par trois divisions sur deux lignes.

La première division, formant l’aile droite, appuyait son extrême droite au canal, un peu en arrière d’une grande cassine appelée Nuova-Corte. Elle avait une demi-batterie de 4 pièces à son extrême droite, une batterie de 8 pièces au centre et une autre batterie de 8 pièces à son extrême gauche. — La deuxième division, formant le centre, continuait la ligne en avant de la Citadella. Cette division avait 16 pièces en batterie au centre de la ligne de bataille. — La troisième division formait l’aile gauche et occupait la position de la Bicocca. Cette division avait 14 pièces en batterie sur la gauche du chemin de Novara, dans