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évacué la veille au soir les positions qu’ils avaient conservées jusqu’alors sur ce point, et qu’ils s’étaient dirigés vers Pavie ou vers Lodi. La route de Milan était donc libre. La quatrième division reçut ordre de rester sur la rive gauche du Tessin, et la troisième, de reprendre sa première position. Le quartier-général revint s’établir pour la nuit à Trecate. La disparition des troupes autrichiennes, abandonnant des positions défensives aussi bonnes, était un mystère qui allait bientôt s’éclaircir. En effet, le maréchal Radetzki, après avoir placé son armée de façon à ne pas trahir son plan, fit exécuter, dans la nuit du 19 au 20, à toutes les forces qui bordaient la rive gauche du Tessin, une marche de flanc rapide, et, rappelant à lui ses troupes de Crema et de Lodi, se concentra avec toutes ses forces sur Pavie, prêt à déboucher en Piémont dès que le terme fatal serait expiré. Vers midi, il jeta un ou deux ponts près de Pavie et marcha sur la Cava avec son avant-garde. Il dut être fort étonné de ne rencontrer aucune résistance ; car le général Ramorino, désobéissant aux instructions qu’il avait reçues, au lieu de se porter sur la position qui lui avait été prescrite, avait abandonné, sans donner d’ordres, sur la rive gauche du Pô, un régiment de cavalerie et deux bataillons, dont l’un de bersaglieri commandé par le major Mannara. Ces braves gens, après avoir vigoureusement soutenu un combat de tirailleurs pendant plus de deux heures, durent se retirer devant les forces sans cesse croissantes de l’ennemi. Pendant ce temps, le général s’était mis à l’abri derrière le Pô, avait replié le pont et s’en était allé tranquillement dîner à Stradella.


II. – LA SFORSESCA.

La nouvelle de la marche des Autrichiens et de l’inqualifiable conduite de Ramorino parvint d’abord à huit heures du soir au quartier-général par un aide-de-camp du général liés, puis, à dix heures, par un officier du général Ramorino lui-même, qui, à ce qu’il paraît, n’avait pas jugé son mouvement assez grave pour en donner avis plus tôt. L’ordre fut sans retard expédié au général Fanti de prendre le commandement de la division lombarde et à Ramorino de se rendre au quartier-général. Grace à la position des troupes, on pouvait espérer que, le lendemain, l’armée serait en mesure non seulement de recevoir la bataille en avant de Vigevano, mais même de prendre l’offensive et de culbuter l’ennemi dans le Pô ; la deuxième et la première division durent donc se mettre immédiatement en marche : la première, pour la ville de Mortara, en avant de laquelle elle devait prendre position sur la route de cette place à Pavie ; la deuxième, pour la ville de Vigevano, en avant de laquelle elle devait prendre position à la Sforsesca.