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LA


CAMPAGNE DU PIÉMONT


EN 1849.[1]





I. — BUFFALORA.

Si l’on tient compte d’une disproportion trop évidente entre les forces et les intérêts mis en présence, on ne peut méconnaître une singulière analogie entre les malheureux événemens militaires de 1815, en France, et ceux qui viennent de s’accomplir en Piémont. L’un de ces pays, comme l’autre, se vit une première fois repoussé dans ses limites pour n’avoir pas su s’arrêter dans la victoire. Après les premières

  1. Les événemens de la campagne qui a mis fin si promptement, cette année, à la guerre de l’indépendance italienne ne sont encore connus que par les bulletins des derniers ministres de Charles-Albert ou par les amplifications de la chancellerie autrichienne. On ne lira pas sans intérêt peut-être un récit vraiment piémontais, c’est-à-dire écrit à un point de vue sérieux et sincère, sans emphase comme sans dénigrement, sans arrière-pensée démagogique, sans partialité tudesque. L’auteur de cette relation était d’ailleurs dans une position éminemment favorable pour juger les événemens et les hommes. Soldat de fortune avec un grand nom, étranger au Piémont, sans lien avec les partis, c’est la noble cause de l’indépendance qu’il était venu servir. Il a fait la guerre ; il n’a pas voulu se mêler à la politique. Ses jugemens, si discrets qu’ils soient, ont donc pour l’histoire une certaine valeur, celle qui résulte d’une observation personnelle, intelligente et désintéressée. C’est à ce titre que nous publions son récit, comme un témoignage digne d’être recueilli, et aussi, nous le croyons, comme l’exposé le plus complet, jusqu’à ce jour, des faits de guerre qui ont signalé la fin glorieuse du roi Charles-Albert.