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LES ÉTATS D’ORLÉANS.

ACTE CINQUIÈME.

La scène est à Orléans. — Le cabinet de la reine-mère.

Scène PREMIÈRE.

LA REINE-MÈRE, AMBROISE PARÉ.


LA REINE-MÈRE.

Faites-moi grâce, mon cher Paré, de tous vos mots latins. Mon fils guérira-t-il ? Dites-moi en français oui ou non.

PARÉ.

Si le roi guérira ! en doutez-vous, madame !…

LA REINE-MÈRE.

Voilà huit jours que vous me dites tantôt blanc, tantôt noir. Je trouve, moi, qu’il s’affaiblit à vue d’œil.

PARÉ.

C’est cette maudite fièvre… sans elle nous serions en pleine convalescence.

LA REINE-MÈRE.

Encore une fois, Paré, ce n’est pas Dieu tout seul qui lui a envoyé ce mal-là !…

PARÉ.

Madame, s’il y a poison, celui qui l’a donné est un grand maladroit.

LA REINE-MÈRE.

Ah ! vous n’affirmez plus que ce soit impossible !…

PARÉ.

Non, je n’affirme rien ; une si étrange maladie, des symptômes si bizarres… et puis, vous l’avouerai-je, l’idée m’est venue d’examiner ce bonnet qu’il portait à la chasse. Dans la coiffe, du côté de l’oreille gauche, j’ai trouvé je ne sais quelle poudre blanchâtre…

LA REINE-MÈRE.

Voyez-vous !

PARÉ.

Substance inconnue, peu active, je crois, mais qui peut bien avoir pénétré par cette petite plaie…

LA REINE-MÈRE.

Vous êtes sur la voie, Paré ! vous voyez combien c’est grave !

PARÉ.

Non, madame, la fièvre seule me cause quelque ennui… Quant à ce