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REVUE DES DEUX MONDES.
LA REINE.

Mais tout à coup il me tendit la main ; je me jetai sur lui, et Dieu me fit la grâce d’avoir assez de force pour l’empêcher de choir. Nos soins l’ont fait revenir ; il est moins pâle, ses membres sont moins froids ; mais il se plaint encore d’une grande douleur de tête.

LA REINE-MÈRE.

Qu’il me tarde de savoir ce qu’en pense Paré !

LA REINE.

Ce n’est point quelque breuvage, quoi qu’en disent Cypierre et mes oncles, que je viens de rencontrer : François n’a rien bu, rien pris… Nous devions dîner en chasse.

LA REINE-MÈRE.

Oui, vos oncles se trompent… je l’espère… Mais, ma chère fille, qui nous eût dit ce matin, quand nous redoutions… Ce n’est jamais le malheur qu’on attend qui frappe le premier !

LA REINE.

Dieu nous préserve d’un malheur, ma mère ! Je vous en prie, quand François sera là, n’ayez pas l’air trop effrayée.

LA REINE-MÈRE.

Non, non, ne craignez rien.

LE CHANCELIER.

On s’approche… C’est le roi sans doute.

Mme DE MONTPENSIER, près de la porte.

Oui, C’est lui. (La porte s’ouvre.)



Scène XXII.

Les mêmes, LE ROI, LE DUC DE GUISE, LE CARDINAL DE LORRAINE, LE CARDINAL DE BOURBON, LE ROI DE NAVARRE, AMBROISE PARÉ, M. DE CYPIERRE, M. DE BRÉZÉ, M. DE CHAVIGNY, gentilshommes de la suite du roi.
(Les gentilshommes qui soutiennent le roi le font asseoir sur un fauteuil. Paré est auprès de lui.)
LA REINE-MÈRE.

Eh bien ! mon cher fils, mon François, comment vous trouvez-vous ?

LE ROI, d’une voix faible.

Je me suis senti bien mal, ma bonne mère.

LA REINE-MÈRE.

Mais à présent ?

LE ROI.

Je suis mieux, grand merci.