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LITTÉRATURE



ANGLO-AMÉRICAINE


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VOYAGES RÉELS ET FANTASTIQUES D’HERMANN MELVILLE.


TYPEE[1]OMOO[2]MARDI.[3]



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Voici une nouveauté curieuse, un Rabelais américain. Imaginez ce que serait le prodigieux Pantagruel, si notre curé de Meudon avait jeté des teintes élégiaques, transparentes et nacrées sur le canevas de sa vigoureuse ironie, et rehaussé de métaphysique panthéiste l’invention de ses arabesques. Imaginez Daphnis et Chloé ou Paul et Virginie dansant au sein des nuages, avec Aristote et Spinoza escortés de Gargantua et Gargamelle, je ne sais quelle gavotte fantastique. Œuvre inouie, digne d’un Rabelais sans gaieté, d’un Cervantes sans grace, d’un Voltaire sans goût, — Mardi ou le Voyage là-bas n’en est pas moins un des plus singuliers livres qui aient paru depuis long-temps sur la face du globe. On pourrait accumuler à ce propos toutes les épithètes que Mme  de Sévigné affectionnait : — livre extraordinaire et vulgaire,

  1. Boston, 3 vol.
  2. Ibid., id.
  3. London, Bentley, 3 vol.