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LES ÉTATS D’ORLÉANS.
LE CHANCELIER.

Mais je croyais… (Se tournant vers le cardinal.) vous m’aviez dit, monseigneur, qu’on renonçait aux chevaliers de l’ordre…

LE DUC DE GUISE, l’interrompant.

Les chevaliers de l’ordre, c’était le vrai moyen, je le soutiens encore. Mais, puisqu’on veut qu’il y ait des privilèges pour MM. les princes du sang, comme notre intention est de tout respecter, de ne pas soulever le plus léger murmure, nous permettons que le parlement s’en mêle, par commission bien entendu. Mon frère m’a dit que c’était votre avis.

LE CHANCELIER, regardant le cardinal.

Seulement pour abréger la première instruction ?…

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Oui, chancelier.

LE DUC DE GUISE.

Vous l’aurez votre commission ; mais si vous la laissez battre les broussailles, s’amuser à la chicane, noircir du papier pour son plaisir, si vous ne la menez droit son chemin et droit au but, c’est à vous que le roi s’en prendra, je vous en avertis. Aux moindres lenteurs inutiles, nous cesserons de fermer l’oreille à bien des charités qu’on vous prête, monsieur le chancelier.

LE CHANCELIER.

Je me tais, monseigneur. Je méprise la calomnie et n’ai pas peur de la menace. Tout ce que je peux vous promettre, c’est de ne perdre une heure ni de jour ni de nuit pour instruire le procès.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Très bien, chancelier.

LE DUC DE GUISE.

Encore un mot. Ne vous croyez pas tenu d’instruire seulement contre M. de Condé. Si, sur votre chemin, vous rencontrez son frère, vous n’avez rien à ménager. Le roi l’estime ainsi. Ceci pour vous seul, monsieur : que, par malheur, l’éveil soit donné de ce côté, (il indique l’appartement de la reine-mère) le roi pourrait penser à vous, et nous aurions grand’peine à vous défendre.

LE CHANCELIER.

Qu’entendez-vous par là, monseigneur ? Si vous me croyez capable d’oublier mes devoirs, il faudrait le dire franchement.

LE DUC DE GUISE.

Je parle d’indiscrétions qui se pourraient commettre, si vous n’étiez, sur vos gardes.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Mon cher chancelier, je vais vous envoyer Robertet. Nous voulons qu’il vous aide à préparer votre instruction. Je le mets à vos ordres.