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REVUE DES DEUX MONDES.


Scène VI.

Les mêmes, Mme DE MONTPENSIER.
LA REINE-MÈRE.

Ah ! vous voilà, duchesse ? Que nous apprenez-vous ?

Mme DE MONTPENSIER.

Madame, le roi ne vient pas seul ; le prince est avec lui.

LA REINE-MÈRE.

Nous le savons.

Mme DE MONTPENSIER, à voix basse, et s’approchant de la reine-mère après avoir salué la reine qu’elle n’avait pas d’abord aperçue.

Votre majesté remarque-t-elle comme la reine paraît émue ? Comme elle s’appuie sur la petite Seyton !

LA REINE-MÈRE, bas.

Je le vois : n’y prenons pas garde. (Haut.) Est-il vrai que personne n’ait encore mission d’aller saluer les princes ?

Mme DE MONTPENSIER.

On le dit, madame, et ce bon cardinal de Bourbon en est tout mortifié : il parle de s’aller plaindre au roi.

LA REINE-MÈRE.

J’espère au moins que ses amis, que les miens, vont se porter au-devant d’eux.

Mme DE MONTPENSIER.

Madame, (baissant la voix) je doute que personne ose s’y hasarder.

LA REINE-MÈRE.

Où en sommes-nous donc ? Que veut dire cet effroi ?… Duchesse, allez chercher le chancelier, amenez-moi d’Avanson, dites à Bourdeille de faire venir Sancerre, Morvilliers, Vieilleville… Ils se disent tous mes amis : je veux leur faire honte. Oseront-ils me refuser ? Quel effort de courage ! ne pas faire avanie à deux princes du sang royal !… Allez, duchesse, je vous prie, allez.

(La duchesse sort.)

Scène VII.

LA REINE-MÈRE, LA REINE, miss SEYTON.


LA REINE-MÈRE, à part.

Tout cela prend un air de mystère… Voyons si cette petite ne pourrait pas m’aider. (Haut, à la reine.) Ma fille, je n’hésite pas à vous ouvrir mon cœur. Croyez-moi, il se prépare ici des choses contre l’honneur, contre les intérêts du roi. Dieu me garde de rien soupçonner d’odieux !