Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/473

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
407
LES ÉTATS D’ORLÉANS.
LE ROI DE NAVARRE.

Laissez-moi partir seul.

LE PRINCE DE CONDÉ, brusquement, mais toujours à voix basse.

J’en suis fâché ; vous n’avez qu’un moyen de m’éviter à Orléans, c’est de n’y point venir.

LE ROI DE NAVARRE.

Vous ne m’entendez pas… mon ami…

LE PRINCE DE CONDÉ.

Quand je dis une chose, elle est faite. J’irai avec ou sans vous.

LE ROI DE NAVARRE.

Mais ne vous fâchez pas !… Partons, partons… (À part.) Que veut-il dire ? je m’y perds ! (Il fait signe à Bouchard, qui, depuis un instant, est rentré en scène. Bouchard va lui parler.)

LE CONNÉTABLE, à d’Andelot, en lui montrant le prince de Condé et le roi de Navarre.

Qu’ont-ils donc à se parler si bas ?

D’ANDELOT.

J’espère qu’ils hésitent !

LE CONNÉTABLE.

Vous leur faites trop d’honneur, mon neveu !

(Il continue de s’entretenir avec d’Andelot.)
LE PRINCE DE CONDÉ, après un instant de réflexion, s’approchant de son frère.

Que vous disait Bouchard ?

LE ROI DE NAVARRE.

Rien ; c’est moi qui lui donnais des ordres.

LE PRINCE DE CONDÉ

Vous êtes bien sûr de lui, mon frère ?

LE ROI DE NAVARRE.

Comment ?

LE PRINCE DE CONDÉ.

Il ne vous a jamais trompé ?

LE ROI DE NAVARRE.

Qui ? Bouchard ? Jamais, bon Dieu ! D’où vous vient cette idée ?

LE PRINCE DE CONDÉ.

Je ne sais… les paroles du connétable…

LE ROI DE NAVARRE.

Pur radotage !… Mais voici vos ministres.

LE PRINCE DE CONDÉ, sans écouter son frère, et se parlant à lui-même.

Non, j’irai, tout est dit… j’en aurai le cœur net.