Et de faim, peut-être ? Pourquoi leur refuser la consolation qu’ils demandent, mon cousin ?
Qu’on les mène à l’office, cela ne suffit-il pas ?
Non ; laissez-les monter.
Vos frères en religion !… C’est trop juste. Ne vous gênez pas pour moi, monsieur mon neveu.
Eh bien ! qu’ils montent. Allez, Sainte-Foy… Mais, qu’y a-t-il encore ? (Un valet remet une lettre à Sainte-Foy et lui dit quelques mots.)
Monseigneur, ce valet me donne une lettre que De Vaux, l’écuyer de Mme la princesse, vient d’apporter.
Ma femme !… que veut-elle ? (Il lit à demi-voix, mais assez haut pour que le connétable, qui est près de lui, entende ce qu’il lit.) « Mon bien-aimé prince et mari, avant-hier, en passant par Paris, le cardinal s’est oublié à dire devant Mme Duzès que, si vous alliez à Orléans, l’air y serait malsain pour vous. J’espère bien que vous n’y pensez pas (il baisse la voix) ; mais, s’il vous en venait la malheureuse idée, que cet avertissement vous profite (il baisse encore plus la voix.) Au nom du ciel ! n’allez pas » (Il finit par ne plus lire que des yeux.)
Eh bien ! mon neveu, que vous dit-elle, cette bonne Éléonore ?
Pas grand’chose… un propos du cardinal…
Mais ce propos, si j’ai bien entendu…
Me permettez-vous d’achever ?… (Il continue à lire et dit en riant :) Elle aussi, elle veut que Cypierre soit un ogre, un cannibale… (il arrive aux derniers mots de la lettre.) Comment ! quelle folie !… Elle sera ici demain ! (Il plie la lettre avec impatience.) À quoi bon ?…
La pauvre enfant ! c’est la force de son amour qui la pousse à venir !
LE PRINCE DE CONDÉ. Se mettre en route… malade comme elle est !…