commettions même faute ? MM. de Guise ne demanderaient pas mieux ! Ils se soucient bien moins de nous tenir, qu’ils ne redoutent de nous voir. Croyez-moi, s’ils nous tendaient un piège, ils s’y prendraient autrement. Ils ne feraient pas tout ce fracas d’armes et de soldats. Morbleu ! c’est parce qu’ils veulent nous effrayer qu’il faut aller leur tenir tête ! Ne sommes-nous pas attendus par les députés de cette noblesse de Saintonge, d’Anjou, de Provence, d’Auvergne, qui nous prend pour ses défenseurs ? N’est-ce pas à nous de faire entendre ses doléances, de soutenir ses privilèges ? N’est-ce pas à nous aussi de plaider un peu pour ce pauvre peuple couchant sur la dure, mourant de faim, rongé d’impôts ? Et je manquerais à ces devoirs sacrés par peur de quelques hallebardes ! Mais que fais-je donc en ce monde ? Sans biens, sans dignités, sans renom, je ne possède qu’un peu d’honneur ; laissez-moi demander à Dieu de le conserver tout entier.
Quelle véhémence, mon cher oncle !
Dites plutôt quel délire ! (Il continue de causer à voix basse avec d’Andelot.)
Scène XIII.
Que voulez-vous, Sainte-Foy ?
Monseigneur, il y a là de pauvres diables qui se disent ministres du saint Évangile…
Que puis-je faire pour eux ?
Ils demandent la faveur d’être admis devant vous.
Ce n’est pas le moment…
D’où viennent-ils, ces ministres ?
D’Orléans, sire.
D’Orléans ? Tout le monde en vient donc ?
M. de Cypierre les a chassés. Depuis deux jours ils courent la campagne en mendiant ; ils paraissent à demi morts de fatigue.