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hommes en 1807 : le plus considérable a eu lieu en 1813. Celui-là, nous l’avons déjà dit, portait 81,000 hommes ; il comprenait 64 vaisseaux et 49 frégates.

Il est bon de regarder quelquefois en arrière. Il ne faut pas nous exagérer notre valeur ; mais il ne faudrait pas non plus la trop déprécier. Notre flotte à voiles et à vapeur, bien préparée, bien conduite, armée pour une juste cause, doit nous inspirer une ferme confiance. Hormis l’Angleterre, aucun état en Europe ne peut nous inquiéter à la mer. La Russie a 43 vaisseaux et 48 frégates ; mais cette flotte à voiles n’a pas encore été sérieusement éprouvée. D’ailleurs, elle est divisée en deux parties dont la plus faible est internée dans la mer Noire. Il est vrai que ce ne saurait être pour long-temps désormais. La flotte à vapeur russe passe pour faible et disproportionnée avec la flotte à voiles.

La Hollande a 7 vaisseaux, 17 frégates, 24 vapeurs.
La Suède a 10 vaisseaux, 8 frégates, 2 vapeurs.
Le Danemark a 7 vaisseaux, 8 frégates.
L’Espagne a 3 vaisseaux, 6 frégates, 14 vapeurs.
Les États Sardes, a 5 grandes frégates, 3 vapeurs.
Les Deux Siciles, a 1 vaisseau, 3 frégates,

De plus, tous ces états ont de nombreux bâtimens de flottille. Ce n’est rien contre nous ; c’est beaucoup si notre cause devait être un jour celle de tous, la cause du droit. N’oublions pas la marine des États-Unis d’Amérique. Elle compte aujourd’hui plus de 80 bâtimens à voiles et à vapeur, et dans le nombre, 11 vaisseaux et 15 frégates.

Maintenant, il est vrai, l’Angleterre a une force au moins double de la nôtre ; mais elle a le monde entier à couvrir. Nous ne l’attaquerons pas, mais nous nous ferons respecter. Nous le ferons, si nous savons ménager et entretenir nos ressources, si nous savons les administrer.


Administration.

Appliqué à la marine, le mot administrer doit être entendu dans son acception la plus haute. Il n’est aucun intérêt qui exige plus de prévoyance, plus de suite, plus d’esprit de progrès et en même temps plus de respect pour les traditions établies. Il n’en est aucun qui offre plus de difficultés, qui mette plus souvent l’esprit de l’homme aux prises avec l’imprévu. Il n’y a que les plantations de bois qui demandent autant de patience. Pour obtenir de hautes futaies, pour avoir un établissement naval bien assis, il faudra toujours le concours de nombreuses années et un emploi méthodique du temps.

Ces conditions seront difficilement remplies sous un régime politique dont le propre est de renouveler périodiquement les assemblées dans lesquelles