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position de réserve que celle de la commission de port. Tous les autres bâtimens sont ou armés ou désarmés.

La commission de rade est d’institution assez récente. Elle a été conçue en vue d’alléger les dépenses d’armement, tout en donnant aux bâtimens des garanties de prompte disponibilité. Appliqué avec soin surtout à des navires appelés à être prochainement armés, ce système aurait produit des résultats excellens. Il n’a jamais été complètement pratiqué. Plus que tout autre, ce mode de disponibilité, qui ne laisse à bord que le personnel strictement nécessaire à la sûreté du navire sur les rades, impose à des états-majors très réduits des obligations de vigilance et d’assiduité bien difficiles à remplir si près du port, et lorsque la navigation ne charme pas les ennuis de l’embarquement. Le commandement n’y est exercé qu’à titre provisoire. Enfin, lorsque l’état de commission de rade se prolonge, il y a nécessité, à moins de soins très attentifs qui n’ont jamais pu être obtenus, que le bâtiment entre au bassin pour le nettoyage de la carène ; c’est-à-dire que l’armement partiel qu’il a déjà reçu peut, dans ce cas, être en pure perte, puisque, pour entrer au bassin, il doit être désarmé.

Ce reproche, fondé dans une certaine mesure, s’applique également, il faut le reconnaître, à la disponibilité telle qu’elle est constituée et à toutes les situations analogues que l’on pourrait créer. Un long séjour en rade, nous entendons un séjour de plusieurs années, amènera toujours, au moment d’expédier le bâtiment pour une campagne de long cours, la nécessité de nettoyer la carène et, par conséquent, d’entrer au bassin ; mais cet inconvénient, commun aux deux situations de commission et de disponibilité sur rade, est compensé en faveur de la dernière, précisément par la possibilité d’en disposer plus vite. En effet, le vaisseau de premier rang disponible a son commandant définitif, une partie de son état-major, une partie des maîtres, une partie des gabiers et des chefs de pièce embarqués ; il porte 330 hommes ; il peut, au besoin, naviguer ; et, l’ordre de compléter l’armement et de prendre la mer étant donné, il doit être en mesure de mettre sous voiles et de combattre dans un bref délai, après avoir reçu son complément d’équipage et ses vivres. C’est évidemment parce qu’on attend du vaisseau dit en disponibilité cette active transformation en bâtiment puissant pour la navigation et le combat, qu’on se résigne à faire la dépense d’un entretien qui, le plus souvent, paraît n’avoir pas eu d’objet utile ; mais on serait bien plus fondé à regretter cette dépense, si cette prompte disponibilité qui la motive n’était pas en effet réalisable. Or, il a été prouvé plusieurs fois que le vaisseau disponible, ne comportant pas, d’après les termes réglementaires, la présence à bord et à son poste de chacun des hommes essentiels, en un mot, la formation complète des cadres, demande beaucoup de temps pour être transformé en un bâtiment armé ayant toute sa valeur.