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La force navale a deux termes extrêmes qu’il est indispensable de fixer : le minimum des armemens en temps de paix, c’est-à-dire le point de départ ; le maximum des armemens en temps de guerre, c’est-à-dire le point d’arrivée. Mais, suivant le vieil adage romain, se préparer à la guerre est le plus sûr moyen de maintenir la paix. Le premier terme ne saurait donc être nettement déterminé sans la connaissance préalable du dernier ; c’est du grand armement pour la guerre qu’il faut d’abord s’occuper.


Armement maximum en temps de guerre.

Disons-le nettement : les bases en ont été posées dans la loi du 3 juillet 1846.

1° FORCE ACTIVE.
226 bâtimens à voiles :
40 vaisseaux de ligne.
50 frégates.
136 bâtimens inférieurs de tous rangs.
102 bâtimens à vapeur :
50 de 600 à 220 chevaux propres à la guerre.
50 avisos et transports de 120 à 200 chevaux.
2 batteries flottantes.
Total : 328 bâtimens à voiles et à vapeur.


2° RÉSERVE.

Nombre indéterminé de vaisseaux et de frégates en chantier aux 14/24 d’avancement.

Ces bases ont été discutées par les hommes politiques les plus considérables et par les hommes du métier les plus autorisés. Les termes extrêmes proposés ont été : 60 vaisseaux par ceux-là qui, le regard détourné vers le passé, ne tenaient pas assez de compte de la force nouvelle apportée à la marine par la vapeur ; 36 vaisseaux par ceux qui, penchés vers l’avenir, ne voyaient déjà plus dans les vaisseaux de ligne que des masses inertes livrées en proie à ce navire intelligent et maître de lui-même dont la vapeur est l’âme. La balance a été sagement tenue par le ministre, et la loi, en créant une réserve à côté de la force active, en dotant les magasins de larges approvisionnemens, a ménagé l’avenir tout en assurant le présent. Pour cette attitude que nous voudrions voir à la France, attitude non agressive, mais ferme et appuyée sur le droit, cette force est bien pondérée. Elle n’offre pas de ressources à des calculs d’ambition ; elle donne à la défense tout ce qui est nécessaire.

Qu’on ne s’y méprenne pas : la défense comme ligne de conduite politique n’implique pas une guerre purement défensive. C’est dans la Méditerranée que nous sommes le plus menacés. Ce n’est pas dans la Méditerranée