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nations. » Richelieu, continuateur de l’œuvre de Henri IV, rétablissait l’ordre dans l’état, et, par une politique extérieure aussi ferme que modérée, préparait les destinées de Louis XIV. Nous ne pousserons pas plus loin ce rapprochement entre des époques à tous égards si diverses. Ce n’est point la splendeur ruineuse du grand siècle que nous souhaitons à notre pays, et d’ailleurs c’est exclusivement au point de vue de la force navale que nous nous sommes proposé de sonder l’avenir politique. Le passé nous guidera sûrement.

Depuis 1815, la Méditerranée a été le théâtre des événemens importans accomplis en Europe. L’Espagne, terrain où sont depuis long-temps en présence les influences rivales de la France et de l’Angleterre, a vu, en 1823, notre premier armement maritime depuis la chute de l’empire. Il y a deux ans, la question des mariages ravivait des difficultés qui ne sont qu’assoupies.

En 1828, l’insurrection de la Grèce contre la Turquie a provoqué le concours de trois puissances : la France, l’Angleterre, la Russie ; les deux premières abandonnant la tradition de leur ancienne alliance avec la Porte Ottomane ; la Russie préparant ses vues d’avenir, aidée par la France et surveillée par la Grande-Bretagne. — La flotte russe a franchi les détroits.

En 1830, il s’agissait de châtier une folle insolence du dey d’Alger. Un mobile religieux arme en outre le bras de la France. Elle veut détruire à tout jamais la piraterie algérienne. Malgré l’inquiétude jalouse du gouvernement anglais, la prise d’Alger s’accomplit. Nul doute que des complications internationales ne fussent à la veille de s’élever, lorsque la révolution de juillet éclata. Le gouvernement issu de juillet avait les sympathies de l’Angleterre. Il ne pouvait, sans se dépopulariser, abandonner le prix de la victoire de nos soldats et de nos marins. La prise de possession de l’Algérie a été consommée. La Grande-Bretagne ne l’a pas empêchée ; mais elle ne l’a pas reconnue.

En 1832, Ancône, occupée de vive force par une division française, arrête l’Autriche prête à envahir la Romagne. C’est la question d’Italie qui se dessine.

L’entrée du Tage forcée en 1831, la prise de Saint-Jean-d’Ulloa et de la Vera-Cruz en 1837, le traité imposé à Buenos-Ayres en 1840, ont ajouté à l’histoire de notre marine des pages brillantes ; mais ces faits de guerre ne touchent pas à l’un de ces intérêts vivaces qui font et entretiennent les questions d’influence.

1840 a vu se produire la question d’Orient, ou plutôt la deuxième phase de cette question ; la première date de Navarin. Se fonderait-il en Égypte un empire ami de la France, héritier des traditions de l’armée de Bonaparte ? La France, déjà maîtresse de l’Algérie, acquerrait-elle ce nouveau point d’appui dans la Méditerranée ? L’empire ottoman, atteint au cœur, serait-il démembré ? La France voulait que les germes d’influence,