Il fut convenu que les troupes napolitaines n’entreraient point à Palerme, et que la ville et les forts resteraient confiés à la garde nationale. Il fut question aussi de l’oubli dans lequel devaient être mis les événemens passés, et le roi dit que son intention n’était pas de punir, et qu’on se bornerait à faire sortir de la Sicile quelques personnes qui en compromettaient la tranquillité.
On regarda dès-lors les négociations comme terminées à Naples, et les amiraux qui s’étaient chargés de proposer ces conditions aux Siciliens se préparèrent à partir pour Palerme. On n’attendait plus que les proclamations, qui s’imprimaient, et l’on devait mettre sous voiles le 3 mars, quand, le 2 au soir, l’amiral Parker fit savoir au ministre de France qu’il avait eu connaissance, dans la journée, d’une liste de quarante-cinq noms de Siciliens qui étaient désignés comme ne devant pas profiter du bénéfice de l’amnistie ; qu’il ne pouvait consentir à une pareille mesure, et qu’il ne partirait pas, si elle n’était révoquée ; qu’en conséquence il se proposait de se rendre dès le lendemain à Gaëte auprès du roi pour lui parler dans ce sens, et qu’il demandait à l’amiral Baudin de se joindre à lui. L’amiral Baudin témoigna à l’amiral Parker qu’il partageait ses sentimens. Le 3 mars, les deux amiraux se rendirent à Gaëte sur la frégate à vapeur le Vauban. Admis auprès du roi, ils déclarèrent qu’ils ne se chargeraient point de porter aux Siciliens les conditions proposées, s’ils n’étaient point en mesure d’annoncer un complet oubli du passé ; que cet acte de clémence et d’humanité pouvait seul faire réussir leur démarche, en assurant à l’arrangement stipulé le caractère de réconciliation que la médiation cherchait à lui donner. Le roi répondit qu’il ne connaissait aucun des noms portés sur la liste dont les amiraux venaient de lui parler ; qu’il s’était borné à vouloir éloigner quelques hommes dangereux, mais qu’il était tout disposé à oublier le passé, et que, puisque les amiraux jugeaient que l’on devait faire plus encore, il s’en remettait entièrement à eux. Il montra enfin une très grande modération et beaucoup de facilité. Tout étant dès-lors définitivement réglé, les amiraux partirent pour Palerme le 4 mars au soir. Le 6 au matin, les deux divisions étaient mouillées devant la ville. Dès le même jour, les amiraux allèrent rendre visite au ministre des affaires étrangères, prince Butera, et au président, Ruggiero Settimo ; le lendemain, ils portèrent au conseil des ministres les conditions de l’arrangement proposé.
Les amiraux purent reconnaître tout d’abord, dans cette région officielle, une grande inquiétude, de l’agitation, une exaltation mal contenue. Les discours du prince Butera et du président tendaient à prouver que, malgré le désir que le gouvernement pouvait avoir de ne plus recourir aux armes, il ne lui serait pas possible de prendre sous sa responsabilité la proposition au parlement d’un arrangement qui n’aurait pas pour base la complète indépendance de la Sicile, et qui replacerait cette île sous la domination du roi de Naples. Ce ne furent là d’abord que des paroles officieuses, et le conseil, en recevant officiellement la communication des amiraux, ne fit point de démonstration d’opinion. Il se borna à dire que le gouvernement ne pouvait prendre aucune résolution, et que le parlement seul avait caractère pour donner un avis. L’audience ne fut pas longue. Les pièces remises par les amiraux entre les mains du ministre des affaires étrangères ne furent pas même ouvertes en leur présence.
C’est aujourd’hui, 9 mars, que le gouvernement doit porter aux chambres le