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LES ÉTATS D’ORLÉANS.
LE ROI, l’interrompant.

Non, non, mon cher cousin, nous nous en fions à vous ; mais faites-leur bien savoir que je les attends à bras ouverts, qu’il me tarde de les voir. Quant aux mauvais desseins qu’on leur prête, je n’y croirai que s’ils ne viennent pas. (Bas au cardinal de Lorraine.) N’est-ce pas cela, mon oncle ?

LE CARDINAL DE LORRAINE, bas.

À merveille ; mais encore quelques mots.

LE ROI.

J’aurai plaisir à leur faire bonne chère, s’ils se hâtent de venir ; mais, s’ils me forcent à leur courir sus et à leur faire sentir que je suis roi…

LE CARDINAL DE LORRAINE, à l’oreille du roi.

Tout doux !

LE ROI.

Je suis tout délibéré d’en finir et de ne plus vivre en peine et en perplexité, comme nous vivons depuis six mois.

LA REINE-MÈRE.

Vous le voyez, cardinal, il n’y a de danger pour eux que s’ils ne viennent pas. Dites-leur bien que leur sûreté n’est qu’ici ; partout ailleurs ils se perdent.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Faites-leur voir qu’on calomnie le roi, qu’on nous prête des noirceurs indignes de nous.

LE CARDINAL DE BOURBON.

Oui, je vous promets, je promets à la reine, au roi, de les arracher aux conseils de ces damnés d’hérétiques. Il le faut pour l’honneur de notre maison… Ils m’écouteront, ils viendront avec moi ; sinon, je les renie pour mes frères et les abandonne à la colère du roi.

LA REINE-MÈRE.

Très bien, très bien, cardinal.

LE ROI.

Ne perdez pas de temps, mon cousin.

LE CARDINAL DE BOURBON.

Je l’ai dit au roi, dès ce soir je partirai.

LE ROI.

Que Dieu vous accompagne !

LE CARDINAL DE BOURBON, saluant et se préparant à sortir.

S’il exauce mes vœux, le roi sera satisfait.

LA REINE-MÈRE, bas au cardinal de Bourbon.

Veuillez, avant de partir, passer chez Mme  de Montpensier.

LE CARDINAL DE BOURBON, bas.

Je n’y manquerai pas, madame.