Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/232

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
226
REVUE DES DEUX MONDES.
LE CARDINAL DE LORRAINE.

Dites toujours.

BOUCHARD.

Si la reine écrivait ces mots : « Je réponds de tout ; » si la duchesse se faisait sa caution et disait : « Vous pouvez venir, » peut-être alors…

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Vous obtiendriez d’eux…

BOUCHARD.

Je parle du roi mon maître, monseigneur ! Quant à M. de Condé, celui-là ne se laisse pas mener par ses vieilles maîtresses.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Non ; mais par les jeunes ? Ne pourrions-nous ?…

BOUCHARD.

Vous allez rire, monseigneur ; à l’heure qu’il est, nous ne lui en connaissons pas.

LE DUC DE GUISE, toujours assis, et faisant un signe d’impatience à son frère.

Charles…

LE CARDINAL DE LORRAINE, se retournant.

Plaît-il ?

LE DUC DE GUISE, bas à son frère qui s’est approché.

Faites-le finir, mon ami, il vous a vidé son sac. La reine peut venir, prenez garde.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Plus qu’un mot Seulement. (À Bouchard, près duquel il est retourné.) Vous dites donc qu’il se range, c’est merveilleux. La pauvre princesse de Condé, il est bien juste que ce soit enfin son tour !

BOUCHARD.

Tant s’en faut, monseigneur. Son tour ne viendra jamais ! Ce que je crois, et je le tiens de Noblesse, son valet de chambre, c’est que, pour cette fois, ce cher prince s’est mis en tête quelque amour moins facile que de coutume…

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Et pour qui ?

BOUCHARD.

Quelque amour en haut lieu,… par exemple… ; mais je n’oserais vraiment…

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Parlez donc.

BOUCHARD.

Par exemple, pour très jeune, très belle, et plus que très grande dame.