Lettres du roi ! Ces grands observateurs des lois du royaume en prendre à leur aise avec la royauté !
Pour moi, je sais le contenu de ces deux lettres comme si je les avais écrites. Il y est dit, avec ou sans détour : Nous ne viendrons pas. Et franchement, s’ils conservaient l’idée de mettre un pied en ville, je les croirais atteints d’une incurable folie. Mettons-nous à leur place : demain, au premier bruit de la prison du bailli, nous prendrions le large, et promptement !
Comme a déjà fait M. d’Andelot.
D’Andelot ! n’est-il donc plus ici ?
Chavigny ne vous l’a-t-il pas dit, monseigneur ? Tout à l’heure, au moment où le roi faisait son entrée, M. d’Andelot a pris un bateau comme pour se promener en Loire ; les mariniers avaient le mot et ont ramé si fort qu’on l’a bientôt perdu de vue.
Il venait pour les états ?
Oui, monseigneur, il avait précédé ses frères. On attendait M. de Châtillon demain et l’amiral dans quelques jours ; mais, quand ils vont apprendre que leur ami Groslot…
Vous le voyez, François, nous nous sommes bien hâtés.
Bien hâtés ! demandez à Cypierre : n’était-il pas grand temps de souhaiter la bien-venue à tous ces beaux messieurs que nous envoient vos bailliages ? Vous nous aviez promis des députés dociles : on vous a, ma foi, bien servi ! des hobereaux qui voulaient tout pourfendre, des avocats bavards et insolens ! Mais ils vont baisser de ton…
C’est déjà fait, monseigneur ; ils ont mis leurs cahiers dans leurs proches : plus de harangues dans les cabarets de l’Etape. J’ai fait comprendre à ces discoureurs que l’air d’Orléans n’était pas sains, qu’ils feraient mieux de regagner leurs gîtes. Je ne dis pas qu’ils soient tous partis, on trouve des entêtés partout ; mais j’aurai soin qu’il en reste assez peu pour ne pas vous donner grand souci.
Vous voyez ce qu’on gagne à frapper un bon coup. Continuez, Cypierre, tenez la main ferme et serrez de près Groslot.