Il n’y a pas dix minutes qu’il est au chevalet.
À la bonne heure ! Vous m’étonniez…
Ce sera bientôt fait, je pense ; il n’a pas l’air d’un cœur de roche.
Monseigneur…
Eh bien ?…
Veuillez venir, il va parler.
Vous voyez, ce n’est pas long. Mouchy dirait qu’il n’y a pas de plaisir.
Ma foi ! je le laisse aller. Je n’ai pas de goût à ces comédies-là. J’ai pourtant vu dans ma vie bien des membres taillés, hachés, meurtris, bien des pauvres diables perdant leur sang ou leur cervelle, mais je ne sais pourquoi, sur les champs de bataille, ce n’est pas la même chose… Fi !… Ces gens qu’on disloque pour leur délier la langue !… Après tout, c’est leur faute ; pourquoi cachent-ils la vérité ?… (Au cardinal de Lorraine qui rentre.) Ah ! vous voilà… Eh bien ?
Eh bien !… versez-moi, s’il vous plaît, de l’eau dans ce bassin.
De l’eau ? Lui faites-vous des ablutions ?
Versez, je vous prie, François… (Le duc prend une aiguière sur une table et verse l’eau dans le bassin.) Maintenant, ces lettres que je vous ai données, Les avez-vous là ?…
Les voici.
Ah ! vive Dieu ! vous avez conservé l’enveloppe ; je tremblais de peur que vous ne l’eussiez jetée… (Il détache l’enveloppe et l’examine à l’endroit et à l’envers.) Pas la moindre trace d’écriture… (Il la trempe dans le bassin.)
Quelle cérémonie faites-vous là ? Est-il alchimiste votre homme ?
S’il ne s’est pas moqué de moi, nous allons voir ce que nous cherchons.