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Texas, proclamée d’abord par les colons américains, est venue donner à la métropole un état de plus. Quant à la Californie et au Nouveau-Mexique, il était difficile de réaliser à moins de frais deux plus importantes acquisitions. C’est que partout, au Texas, au Nouveau-Mexique, dans la Californie, les caravanes de l’Union américaine avaient frayé la voie à ses soldats. Quand la conquête politique commençait, la conquête, commerciale était déjà faite, et le succès de l’une assurait toujours le succès de l’autre.

J’ai sous les yeux le récit détaillé de l’une de ces expéditions aventureuses qui devait donner une immense province, le Nouveau-Mexique, à la jeune république du Texas. À peine établie, celle-ci aspirait à s’agrandir. On était en 1841. Le Texas réclamait comme sa frontière occidentale le Rio-Colorado ; c’est sur l’un de ses affluens que se trouve située Santa-Fé, capitale du Nouveau-Mexique : le Nouveau-Mexique était ainsi dans les limites et sous la juridiction, géographiquement parlant, de la république texienne. Le Texas faisait valoir encore, à l’appui de sa demande, les sympathies des populations établies en-deçà de la Rivière-Rouge, qui ne cherchaient qu’une occasion de secouer le joug mexicain ; et surtout d’échapper à la tyrannique domination du général Arinijo, gouverneur de l’état. Le moment était favorable. En Europe, on eût envoyé quelques régimens ; en Amérique, on préféra envoyer une caravane. Ce fut, donc avec l’espoir de profiter d’un soulèvement des Nouveaux-Mexicains, ou, tout au moins, d’assurer au commerce texien un nouveau débouché, que le général président du Texas, Mirabeau Lamar, organisa l’expédition de Santa-Fé. Cette expédition devait ouvrir entre le Texas et Santa-Fé une route plus directe que celle de Saint-Louis et du Missouri. C’était une tâche difficile, car les déserts qui séparent le Texas de Santa-Fé étaient à cette époque complètement inexplorés.

Bien que le but avoué de l’expédition fût purement commercial, on lui donna une escorte militaire destinée à la protéger dans son passage à travers les terrains de chasse des Comanches et des Caïguas, ennemis implacables des Mexicains et des Texiens. Trois cents hommes à cheval furent désignés pour accompagner la caravane. Un général d’une bravoure et d’une prudence éprouvées, le général Mac Leod, fut choisi par le gouvernement texien pour commander l’expédition. Ce choix n’était pas seulement justifié par l’importance des résultats politiques et commerciaux qu’on espérait obtenir à Santa-Fé : c’était aussi un acte de courtoisie diplomatique envers l’état du Nouveau-Mexique, dont un général était gouverneur. Grace au caractère dont il était revêtu, le chef de la caravane texienne pouvait au besoin se transformer en négociateur. La prudence la plus vulgaire légitimait ces précautions ; cependant la malveillance y trouva un ample prétexte à