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QUESTIONS


CONSTITUTIONNELLES


PAR M. DE BARANTE.




Tous les systèmes politiques ont eu, depuis cinquante ans, leur jour de triomphe et leur jour de défaite. La monarchie aristocratique de l’ancien régime, la monarchie constitutionnelle et tempérée, le despotisme militaire, la démocratie pure, ont passé tour à tour sur la France. Toutes ont su réussir, aucune n’a su durer. Il faut donc renoncer à apprécier par le temps et par le succès la valeur des doctrines politiques des partis. Ce moyen, passablement fataliste, mais après tout assez commode, de se prononcer, nous fait défaut. Il faut chercher quelque autre signe pour démêler, parmi tant de doctrines contradictoires qui se sont successivement disputé et enlevé le terrain, quelle est celle qui, satisfait le mieux au vœu du pays, à l’état de nos mœurs, aux exigences de la vérité et de la justice.

Un procédé assez sûr pour s’y reconnaître serait de considérer vers quel ordre d’idées la France retourne, comme par un instinct naturel, toutes les fois que l’orage révolutionnaire cesse de gronder sur elle un instant. Quels sont, entre ces systèmes, ceux qui ont besoin d’être imposés par la force et maintenus par autorité ? Quels sont ceux qui n’ont pu sortir, même un jour, des coups d’état, des moyens exceptionnels et des situations provisoires. Quels sont ceux qui n’ont pu avoir quelques instans de vie, sans manquer eux-mêmes à toutes les règles qu’ils avaient posées ? Vers quel autre, au contraire, se manifeste-t-il de temps