de millions disponibles pour la commandite. En second lieu, à la faveur d’une activité féconde, vous pouvez obtenir une dizaine de millions encore par l’établissement de l’impôt foncier, par l’accroissement du revenu des douanes et une réforme dans le système des primes, par l’utilisation des propriétés domaniales, par l’accroissement des relations avec les Arabes, et surtout en tirant intérêt de l’argent engagé par l’état dans les opérations dont il serait le promoteur. Après quelques années de ce régime, on aurait créé une population assez compacte pour se faire respecter, et il deviendrait possible de réduire l’armée à sa plus simple expression : ce minimum serait environ 36,000 hommes de troupes françaises, appuyés par les corps indigènes et par de nombreuses milices coloniales. La dépense totale serait alors, par aperçu, de 60 millions, et les revenus de 30. Pour établir l’équilibre, il resterait à la métropole des recouvremens à effectuer pour les avances de toute nature qu’elle aurait faites à la colonie ; le dédommagement serait complet, si, dans l’intervalle, on était parvenu à fonder les exploitations riches propres à alimenter l’industrie métropolitaine.
Nous ne produisons pas un système de plus. Nous signalons un aperçu de simple bon sens : c’est une saillie hors de l’ornière. Beaucoup de personnes se récrieront à cette idée d’une, commandite offerte par l’état à des particuliers : c’est une opération anormale, nous en convenons ; mais n’est-ce pas aussi une entreprise en dehors de toutes les règles que celle d’improviser, sur un sol inconnu, une société pareille à celles qui sont l’œuvre des siècles ?
ANDRÉ COCHUT.