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les ouvriers de l’armée ou les condamnés militaires. Le prix de revient de chacune des petites maisons qui composent un village varie de 600 à 1,000 francs, selon la cherté des matériaux. Quelques maisons doubles sont estimées 1,500 francs. En ajoutant aux dépenses faites pour la construction des bâtimens, pour l’installation des colons, les frais généraux pour les communications rurales, les eaux, les services publics, on trouve que le placement de chaque famille revient en moyenne à 3,000 francs.

On voit, par ce qui précède, que de grands efforts, de grands sacrifices ont été faits pour fertiliser le sol algérien Si l’on apprécie les résultats acquis en se reportant au point de départ, le progrès semble immense. Si l’on pense aux développemens que le pays comporte, aux espérances que la France a conçues, il semble que tout reste à faire. Au commencement de 1848 ; les trois provinces renferment vingt villes dont les banlieues sont cultivées, environ quatre-vingts villages ou hameaux qui sont des centres agricoles, 1,200 à 1,500 exploitations particulières. Une étendue de 32,000 hectares est utilisée par les colons ; 10,000 hectares sont exploités par l’armée. On évalue à 18,000 ames la population européenne adonnée aux travaux agricoles. Avec un peu de soin apporté à la culture des céréales, on obtiendrait des produits supérieurs en qualité et en quantité. Actuellement, 9,000 à 10,000 hectares sont ensemencés par les Européens. Près de 3,600 hectares exploités en vergers ou en culture maraîchère produisent, dans le voisinage des grandes villes, des bénéfices dont les plus habiles maraîchers de nos banlieues seraient jaloux. Les plantations d’oliviers, de mûriers, de vignes, sur une étendue d’au moins 2,000 hectares, donneront, dans quelques années, des produits qui seront d’un grand secours pour l’agriculture, et qui profiteront d’une manière générale à la colonie, en la conduisant à établir des magnaneries, des huileries, des pressoirs pour le vin, des distilleries pour les eaux-de-vie, des ateliers pour la dessiccation des fruits. Les cultures industrielles, coton, sésame, pavots, plantes filamenteuses, ne sont essayées que théoriquement dans les pépinières du gouvernement. La spéculation ne s’y est pas encore adonnée. La culture du tabac avantageuse parce que la qualité en est excellente, facile parce que l’administration en offre le débouché aux producteurs, est une source déjà importante de bénéfices. En 1846, sur 86 hectares plantés en tabac dans les centres européens, on a pu vendre à la régie 92,790 kilogrammes pour la somme de 109,334 francs. Les acquisitions faites directement aux indigènes se sont élevées à 38,209 fr.

Jusqu’à ce jour, à vrai dire, la grande spéculation agricole de l’Algérie a porté sur les foins. Peut-être ne serait-il pas difficile de prouver que ce seul produit paie honnêtement l’intérêt de l’argent que les colons ont engagé dans la propriété rurale. La dernière statistique attribue