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mauvais ; il ne retient pas le travail. Trop souvent les routes faiblement construites sont crevassées par les chaleurs ou délayées par des pluies torrentielles, par des crues subites et violentes. Il résulte de là que des chemins qui n’ont pas encore été classés comme achevés offrent parfois des passages faciles, et que, parfois aussi, des routes mises à l’état d’entretien exigent non plus seulement les soins du cantonnier, mais de dispendieuses réparations. L’important est de maintenir les moyens de communication en rapport avec le développement de la société coloniale. Présentement, l’état des routes laisse beaucoup à faire sans opposer un obstacle insurmontable aux transactions.

Dans presque toutes les localités où les Européens ont pénétré, il a fallu réparer les aqueducs anciens où en construire de nouveaux. Dans le voisinage des villes ou des lieux habitables, beaucoup de terrains étaient devenus marécageux, soit par l’inculture, soit par la rupture des anciens conduits qui assuraient l’écoulement des eaux : on a essayé de combattre par des desséchemens cette cause d’insalubrité. Églises, mosquées, caravansérails, bureaux d’administration, halles, ponts, quais, fontaines, hôpitaux, écoles, barrages, débarcadères, phares, horloges, sont semés par le vainqueur avec une libéralité presque étourdie. L’armement complet d’une côte de 225 lieues, son appropriation aux besoins de la marine et du commerce, constituent l’œuvre d’un siècle : on s’est mis bravement à la besogne, et déjà on a beaucoup fait. Une entreprise gigantesque, la fondation d’un port de premier ordre à Alger, a déjà coûté plus de 10 millions, et si l’on adopte les derniers plans, qui seuls paraissent acceptables, 70 millions seront encore à dépenser. Nous avons eu la curiosité d’additionner toutes les avances publiques ou privées que l’on peut considérer comme frais de premier établissement. Selon nous, les travaux civils d’utilité publique ont absorbé, en comptant les allocations du trésor et celles du budget colonial, depuis les premiers temps de l’occupation jusqu’à la fin de 1847


7,774,045 fr.
Il a été dit plus haut que les travaux militaires, de 1830 à 1849 inclusivement, ont exigé 64,225,95 fr.
Les constructions urbaines où rurales, faites par des particuliers et à leurs frais, peuvent être évaluées au moins 70,000,000 fr.
Enfin, les fonds destinés depuis deux ans aux constructions civiles, en y comprenant ce qu’on a déjà consacré aux nouvelles colonies agricoles, atteindront au moins la somme de 20,000,000 fr.
C’est donc un capital de 202,000,000 fr.

immobilisé en Afrique, capital moindre, après tout, que celui qui est absorbé par une seule de nos grandes lignes de chemins de fer.