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sans dire que cet or ne sera pas trop éclatant, et qu’il sera tempéré ou même assourdi, s’il faut ainsi parler, par une ornementation calculée pour détruire les reflets trop vifs que produirait une large surface métallique. Si l’on combinait les effets de l’or et du noir on parviendrait peut-être à réunir les avantages des deux systèmes d’encadrement adoptés pour toutes les peintures mobiles. Non-seulement cette combinaison se rencontre dans les vieilles tapisseries en cuir doré, dont l’harmonie est généralement reconnue, mais encore il serait facile de prouver par des exemples illustres que, dans toutes les écoles et à toutes les époques, les draperies qui participent de ces deux couleurs ont été préférées pour les fonds de tableaux. Si l’on se promène dans la grande galerie du Louvre en notant les tableaux à fond noir et or, on sera frappé de leur nombre et de la différence des écoles qui se sont rencontrées sur ce point. Coloristes, dessinateurs, Flamands, Italiens, Espagnols, ont chéri également ce moyen d’effet, et lorsqu’on voit des hommes de talent, partant de principes si divers, parcourant des routes si différentes, arriver à un même résultat, n’en doit-on pas conclure que la vérité était si évidente, qu’elle se manifestait à tous les points de vue ?

Nul doute que coloristes et dessinateurs n’aient également à gagner à un fond général où l’or et le noir prédomineront. Ajoutons que, comme il est nécessaire que les cadres eux-mêmes se détachent du fond sur lequel ils seront fixés, il convient que les dessins tracés sur ce fond affectent des formes qui tranchent avec les formes régulières et symétriques des bordures. C’est encore observer cette loi d’opposition que nous remarquions tout à l’heure, et il n’y a pas un peintre qui, obligé par son sujet à tracer sur sa toile des lignes verticales ou horizontales, ne disposât sa bordure de façon à ce que les détails d’ornementation de l’encadrement tranchassent avec les lignes du tableau. Personne ne s’avisera jamais de vouloir qu’un cadre soit comme une continuation de la toile qu’il renferme.

La symétrie a aussi ses exigences, dont il faudra tenir compte dans la décoration du grand salon, et surtout pour la disposition des tableaux qui doivent y être exposés, nous nous hâtons de dire qu’en rappelant ici les lois de la symétrie, nous ne prétendons nullement astreindre M. le directeur du Musée à mettre en pendant ou en regard des tableaux de même dimension. Avant M. Jeanron, on semblait ne s’être appliqué qu’à dérober la vue des murailles du Louvre. M. Jeanron a pensé qu’il valait mieux en laisser voir la nudité que de placer des tableaux à une hauteur telle qu’à moins d’une forte lorgnette, on ne pût les apercevoir. Il est évident qu’entre la corniche du grand salon et le sommet des tableaux, les plus élevés, il doit y avoir un espace vide assez considérable ; mais quelle sera la largeur de ce vide, ou, ce qui revient au