RÉDEMPTION. 71* ERLOFF, à Maurice. Monsieur, je suis loin de prétendre influencer votre opinion; mais vous avez dû remarquer que j’étais muet depuis un instant. C’est qu’il n’y a point de parti pris, monsieur, et je vous avoue que j’en avais un contre vous; mais il n’y en a point qui puisse tenir contre l’expression de sentimens aussi élevés et aussi dignes que les vôtres. (Maurice s’incline.) SHEFiELD, ricanant. Monsieur, je ne suis pas un Grec du Bas-Empire; je vais à mon but sans dé- tours et sans voiles. ERLOFF. Vous me rendrez raison de vos paroles, milord. >a ?.i »- SHEHELD. Certainement. (A Maurice.) Je vous demande de voter pour moi; mais que vous le fassiez ou non, vous êtes un garçon original; vous me plaisez; mes cigares, mes chevaux et le reste à votre service dès à présent. (Maurice s’incline.) d’estival. Monsieur, je ne suis pas de ceux qui achètent des votes.... SHEFIELD. Oh! oh! nous reparlerons de ceci, monsieur le duc. d’estival. Très volontiers... Qui achètent des votes, dis-je. Je vous prie sincèrement, mon- sieur, de ne pas voter pour moi, car j’ai l’intention de vous tirer dès demain des bureaux de la chancellerie pour vous faire nommer au secrétariat de notre lé- gation en France, et je serais désespéré qu’on pût attribuer ma démarche à un autre motif qu’à l’estime dont vous m’avez pénétré. (Maurice le salue.) le comte JEAN, à Maurice, à demi-"voix. Un seul mot, Maurice, je l’aime. (Haut.) Voici les bulletins préparés, messieurs. (Chacun écrit son bulletin et le dépose sur une assiette.) MAURICE. C’est à moi, je crois, de faire le dépouillement? Voici le résultat. (II ouvre les billets.) Lord Shefield, d; le duc d’Estival, 1; le prince Erloff, 1; le comte Jean, 2. LE COMTE JEAN , serrant la main à Maurice», Merci, cousin. A charge de revanche. (Le comte sort d’un côté, Maurice de l’autre.) ERLOFF, partant d’un éclat de rire. Je comprends à présent l’intermède du petit cousin. C’était bel et bien un guet-apens. d’estival. Si vous m’en croyez, nous allons faire un temps de galop jusqu’à Schœn- brunn, après quoi nous déjeunerons, ou nous nous couperons la gorge, selon que le cœur nous en dira. SHEFIELD. Tope! ^s sortent.),
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