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conséquent, qu’on puisse transporter, avec quelque ombre de logique et sans beaucoup de péril, à un président de république. Le roi, disait-on alors, est un pouvoir stable, étranger par sa nature au mouvement de l’opinion. Il représente dans une société libre, et par conséquent mobile, le principe de stabilité et de permanence nécessaire à la vie de peuples ; mais pour que cette stabilité se concilie avec le progrès pour que cet esprit salutaire de conservation se plie avec souplesse aux fluctuations de l’opinion publique, il faut lui adjoindre un élément populaire, créé par cette opinion même, et qui en porte l’inspiration dans ses conseils. Le roi, disait-on encore, n’est jamais et ne doit pas être personnellement engagé dans les débats des partis. Son pouvoir suprême doit planer au-dessus des dissentimens secondaires, son pouvoir permanent doit s’étendre au-delà de différends éphémères. Il ne faut pas qu’il compromette la grandeur royale dans des luttes de personnes, ni qu’il engage son avenir dans des intérêts d’un jour. Maintenir la royauté dans une sphère plus élevée que les partis, c’était l’esprit de la monarchie constitutionnelle ; mais comme on ne peut pourtant pas bannir l’esprit de parti d’un pays libre, comme le gouvernement doit toujours s’y empreindre plus ou moins des tendances ou des opinions d’un parti et susciter par là plus ou moins l’opposition d’un autre, on arrivait naturellement à séparer la royauté des ministres, et à abandonner le pouvoir ministériel comme la prime de ces luttes de partis dont on voulait préserver la royauté. Le roi enfin, disait-on, et cette fois c’était la constitution qui parlait, le roi est inviolable, ses ministres seuls sont responsables. Là où est la responsabilité, là doit être la volonté. Il ne peut pas y avoir de volonté royale dans les affaires, puisque, si les affaires tournent mal, il n’y a pas de responsabilité royale. Le système politique du gouvernement ne doit donc pas émaner directement de la volonté du roi. Et comme pourtant il ne peut être l’œuvre personnelle d’un ministère, comme il faut que quelqu’un donne une direction politique à un pays, c’est dans les chambres que cette direction doit être puisée. Le ministère doit représenter la volonté parlementaire, puisqu’il ne peut se donner pour l’expression de la volonté royale. Ainsi, un ministère mobile auprès d’une royauté immuable, un ministère de parti auprès d’une royauté impartiale, un ministère responsable auprès d’une royauté inviolable, tel était le mécanisme du système parlementaire, telle était la triple raison qui le justifiait aux yeux des amis de la monarchie.

Ce n’était pas le défaut, c’était peut-être l’excès de logique qu’on pouvait reprendre dans un tel système. On ne pouvait pas lui reprocher non plus d’être trop peu monarchique : c’est dans l’esprit même de l’institution monarchique qu’il était puisé. S’il avait un tort, c’était de prendre la monarchie et la constitution trop au sérieux dans un pays révolutionnaire. L’expérience a prouvé que les raisonnemens bâtis sur