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tribut qu’elle avait long-temps payé à l’étranger. En 1789, le petit port de Fécamp comptait à lui seul 51 bateaux montés par 1,500 hommes, et le produit de la pêche était évalué à 3,252 lasts (7,531,632 kilogr.)[1].

Nos pêcheries de harengs, anéanties pendant les guerres de la république et de l’empire, se sont peu à peu relevées. En 1821, elles n’employaient encore que 295 bateaux, montés par 4,246 marins et jaugeant 8,055 tonneaux ; en 1847, le nombre des bateaux armés pour cette pêche a été de 633, portant 7,106 marins et jaugeant 13,745 tonneaux[2]. Les produits pendant la période comprise entre 1843 et 1847 ont varié de 13,772,780 kilogrammes à 23,339,180 kilogrammes, représentant une valeur minimum de 3,443,195 francs à 5,834,795 francs. Cette résurrection de la pêche du hareng s’est d’ailleurs faite d’une manière très inégale. Dunkerque, par exemple, qui, dans les siècles passés, armait jusqu’à 500 buyses équipées à la hollandaise, s’est jetée presque entièrement sur la pêche à la morue, et compte à peine une dizaine de petits bateaux destinés à poursuivre le hareng[3]. Dieppe, au contraire, a presque recouvré, sous ce rapport, son ancienne activité. De 1838 à 1847, elle a reçu chaque année dans son port de 158 à 229 bateaux chargés de harengs, et la moyenne annuelle des produits pendant cette période a été de 3,371,334 kilogrammes de harengs frais ou salés en mer, représentant une valeur de 1,155,357 francs[4]. Toutefois la ville de Boulogne-sur-Mer paraît être aujourd’hui en France le centre principal de la pêche du hareng. Aussi allons-nous entrer à ce sujet dans quelques détails propres à donner une idée précise de l’état actuel de cette industrie[5].

À Boulogne comme sur tout le littoral, la pêche du hareng se divise en deux périodes principales. La pêche d’été se fait sur les côtes d’Écosse au mois d’août et de juillet ; la pêche d’hiver se fait sur nos côtes du 1er octobre au 31 décembre. En moyenne, les bâtimens employés dans la première sont du port de 25 tonneaux, les barques suffisantes pour

  1. Le last de terre dont il est ici question vaut 100 mesures, et la mesure au double décalitre pèse, d’après la moyenne adoptée par la douane, 23 kilogrammes 16 décagrammes. Le last de mer vaut 12 tonnes, et la tonne pèse 160 kilogrammes
  2. Documens communiqués par M. Ozenne, chef de bureau au ministère du commerce. Nous devons faire remarquer que 1847 présente une diminution sensible sur les autres années, surtout sur la période comprise entre 1835 et 1839, époque à laquelle le tonnage des bateaux pêcheurs employés à la pêche du hareng s’est élevé jusqu’à 29,730 tonneaux, et le nombre des marins jusqu’à 11,025.
  3. Renseignemens communiqués par M. Despouy, président de la chambre du commerce.
  4. Renseignemens communiqués par le secrétaire archiviste de la chambre du commerce.
  5. M. Demarle aîné, président de la chambre de commerce de Boulogne, a bien voulu répondre aux questions que nous lui avions adressées par un relevé très bien fait et très détaillé de tous les faits relatifs à la pêche du hareng par les Boulonnais pendant les dix dernières années. C’est à cette source parfaitement authentique que nous avons emprunté nos renseignemens.