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la première moitié du XIXe siècle s’est élevée à environ 4 milliards et demi et, pendant les sept où huit dernières années, les mines de l’Oural, à elles seules, ont produit plus de 500 millions. Cependant, malgré ce grand accroissement dans la production de l’or en si peu de temps ce métal ne paraît pas avoir baissé de prix depuis cinquante ans. Ces deux exemples historiques peuvent corroborer l’opinion que nous venons d’émettre, à savoir qu’une exportation annuelle de la Californie s’élevant à 120 millions ne produirait pas une baisse immédiate et sensible dans la valeur de l’argent.

Est-ce à dire que nous devions regarder d’un œil indifférent la découverte et l’exploitation de riches districts miniers dans cette partie du monde ? nous ne le pensons pas, et nous croyons au contraire que, si les récits qu’on nous fait sur ce pays se vérifient, la colonisation de cette riche contrée par une race aussi intelligente et entreprenante que la race anglo-saxonne peut avoir une grande influence sur les futures destinées du monde et sur notre commerce. Sans aucun doute, les Américains sauront exploiter avec leur activité ordinaire les richesses enfouies dans cette terre qui recèle tant de trésors. Si l’on en croit certains rapports, les mines d’or ne formeraient qu’une partie des richesses de la Californie : on assure que déjà on a découvert du cinabre en grande quantité, et que ce minerai, grossièrement exploité, rend 30 pour 100 de mercure. On parle aussi de mines d’argent, de diaman s, et, ce qui ne serait pas moins utile, si ce pays est destiné un jour à recevoir une nombreuse population, de mines de houille. Ces trésors, que la race espagnole, maîtresse de ce pays, a si long-temps laissés improductifs, la race américaine saura les exploiter, et, ce qui n’est pas moins précieux pour notre vieille Europe, elle saura nous en faire jouir en échangeant les produits naturels du sol de la Californie contre les produits de nos manufactures et de nos fabriques. Loin de ressembler à l’autocrate russe, qui amasse et enfouit dans sa vieille forteresse du Kremlin les masses d’or qu’il arrache aux flancs de l’Oural, les aventureux citoyens des États-Unis sauront rapidement dépenser l’or qu’ils recueilleront si facilement en Californie, et l’on peut dire que c’est un véritable bienfait de la Providence que les richesses de la Californie soient tombées aux mains des Américains.

Un des avantages qui résulteront sans doute d’ici à peu de temps pour le monde entier de la colonisation de la Californie, sera l’ouverture prochaine de l’isthme de Panama. Il est impossible de supposer que le génie américain si impatient et si hardi, hésite devant une entreprise que la science déclare réalisable. Espérons donc que, d’ici à peu d’années, les vaisseaux partant d’Europe pour les côtes et les îles de l’Océan Pacifique et les établissemens européens de l’Océanie pourront franchir