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à San-Francisco en deux mois environ, et pour une somme de 2,800 fr. La traversée de l’isthme de Panama a été beaucoup améliorée depuis quelque temps ; l’isthme n’a guère plus de vingt lieues, mais la plus grande partie de l’année la chaleur y est excessive, car ce pays est par le 8e degré latitude. Aussi met-on généralement trois jours à faire ce petit trajet, qui coûte une cinquantaine de piastres (250 fr.). Déjà, depuis la découverte des mines d’or en Californie, les Américains songent à améliorer le passage de l’isthme. De Panama à San-Francisco, le voyage se fait régulièrement par les bateaux à vapeur de la poste arméricaine ; la distance est d’environ douze cents lieues. Les bâtimens font échelle aux ports mexicains de Réaléjo, Acapulco, San-Blas où Mazatlan situés sur la côte de l’Océan Pacifique, à deux cent cinquante, cinq cents, sept cents lieues de Panama, et à San-Diégo, le port le plus au sud de la Haute-Californie, à mille lieues de Panama.

Quelques émigrans, pour éviter le long détour par Panama, ont essayé la route par la Vera-Cruz, Mexico et Acapulco, où ils prenaient les bâtimens à vapeur de la poste américaine de l’Océan Pacifique : d’autres, traversant le Mexique encore plus au nord, débarquaient à Tampico et se rendaient à San-Blas, sur la côte de l’Océan Pacifique ; mais tous les rapports s’accordent sur la presque impossibilité d’aller aujourd’hui par terre du Mexique à la Nouvelle-Californie, à cause de la férocité des peuplades indiennes de la province mexicaine de Sonora. Du temps de la domination espagnole, cette route pouvait être parcourue sans trop de difficultés et de dangers, les Indiens étant refoulés et tenus à distance par les presidio ou forts espagnols, abandonnés depuis que le Mexique est en république. La route de mer a cet avantage sur la route de terre, qu’elle est ouverte pendant toute l’année, tandis que le passage par les Montagnes-Rocheuses est impraticable, à cause des neiges, dans la saison d’hiver.

Les émigrans européens, qui devront franchir l’Océan Atlantique, se trouveront par la force des choses dans une situation relativement désavantageuse, et seront sans doute devancés en Californie par les émigrans américains. Cependant, en Angleterre et en France, plusieurs bâtimens se préparent à faire voile pour la Californie. Du Havre et de Bordeaux, de plusieurs ports espagnols, hollandais, allemands, et de presque tous les principaux ports de la Grande-Bretagne, on annonce des départs pour San-Francisco. Un bâtiment à vapeur doit même partir de Londres et doubler le cap Horn. Sans doute, le commerce des États-Unis aura pris l’avance sur le commerce européen ; cependant, si l’émigration américaine en Californie a été considérable, et si, comme tout le fait présager, la recherche de l’or continue à être aussi fructueuse, il n’est pas impossible que ces expéditions puissent procurer de grands bénéfices aux armateurs et aux exportateurs de marchandises