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plat, mais à peu près désert et dépourvu de végétation, sauf dans quelques vallées arrosées par de petits cours d’eau. La seconde route, beaucoup plus fréquentée jusqu’ici, se dirige de Saint-Louis sur Santa-Fé, capitale de l’ancienne province mexicaine de ce nom, appartenant aujourd’hui aux États-Unis. Santa-Fé se trouve par le 107e degré longitude et le 37e degré latitude ; on franchit la chaîne des Montagnes-Rocheuses, qui s’appelle dans cet endroit Montagnes-Vertes, près d’un fort nommé Cebolleta, dans la vallée de Santa-Clara. Une suite de petits forts établis par les soins du gouvernement américain marque la route qui vient aboutir à la Puebla de Los Angeles, entre les Monts Californiens et la mer. Les caravanes suivent régulièrement cette route deux fois par an, et ramènent aux États-Unis des chevaux qu’on élève en grande quantité en Californie. L’une où l’autre de ces deux routes ne peut guère être parcourue en moins de cinquante-cinq ou soixante jours. Les voyageurs, pourvu qu’ils soient en nombre un peu considérable, n’ont rien à craindre des tribus indiennes, qui, au contraire, cherchent à leur troquer des vivres et de la viande de buffle contre de la poudre et de l’eau-de-vie.

Les bâtimens partant des ports des États-Unis pour la Californie, et doublant le cap Horn, doivent employer près de cinq mois pour faire les quatre à cinq mille lieues de ce long voyage. Les navires américains demandent environ 600 francs pour le passage. Le moyen le plus rapide pour se rendre en Californie, soit d’Europe, soit des États-Unis, est, sans aucun doute, la route de l’isthme de Panama. Des bâtimens à vapeur de la marine anglaise, faisant le service de la poste entre la Grande-Bretagne et les Antilles, touchent régulièrement tous les mois à Chagres, petit port sur la côte orientale de la Nouvelle-Grenade, Le prix du passage varie, suivant les places, de 125 liv. sterling (3,100 fr.) à 85 liv. sterling (2,100 fr.) ; la traversée s’opère facilement en trois semaines. Des ports des États-Unis, des bateaux à vapeur et des bâtimens à voile en grand nombre font le service de l’isthme. Le voyage de New-York à San-Francisco par Panama coûte, pour les voyageurs américains, environ 375 piastres (soit 1,900 fr.), s’ils se servent des bateaux à vapeur jusqu’à Chagres, et de la malle américaine de l’Océan Pacifique, de Panama à San-Francisco. Si on se rend à Chagres par bâtimens à roue, et si on prend les secondes places sur les bateaux à vapeur américains de l’Océan Pacifique, le coût du voyage se trouve réduit à environ 250 piastres (soit 1,300 fr.). La moyenne de la traversée de New-York à San-Francisco par Panama doit être d’environ trente-cinq jours. Comme l’on vient facilement de New-York à Paris en quinze jours par les bateaux à vapeur, il en résulterait que, s’il y avait possibilité de combiner le voyage de manière à n’arriver dans chaque port qu’au moment du départ de chaque bâtiment on pourrait faire la traversée de France