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surtout à la suite des guerres civiles qui amenèrent la mort de Charles Ier ; mais ils commirent l’imprudence d’irriter Cromwell en maltraitant les pêcheurs d’Yarmouth et en payant avec peu d’exactitude le tribut convenu. Le 24 juillet 1652, Blacke attaqua les barques hollandaises qui se rendaient à leur station ordinaire, accompagnées par douze vaisseaux de guerre. L’amiral anglais s’empara de toute l’escorte et de deux cents buyses. Vainement le célèbre Tromp, à la tête d’une escadre, chercha-t-il à venger ses compatriotes. Une violente tempête vint séparer les deux flottes ennemies prêtes à en venir aux mains. Anglais et Hollandais durent s’estimer heureux de gagner les uns le port des Dunes, les autres celui du Texel. Pendant leurs guerres contre Louis XIV, les Hollandais éprouvèrent un désastre plus grave encore : leur flottille de pêche fut entièrement détruite par une escadre française en 1703. La concurrence étrangère, qui grandissait chaque jour davantage, ne permit plus à leurs pêcheries de se relever entièrement, et les développemens extraordinaires que prirent les pêches suédoises vers le milieu du XVIIIe siècle achevèrent leur ruine.

À partir de cette époque jusqu’au commencement de ce siècle, la pêche du hareng déclina de plus en plus dans ce pays, dont elle avait préparé et soutenu la puissance. L’union de la Hollande, pays essentiellement commerçant, avec la Belgique, si éminemment industrielle, accrut peut-être encore cet état de décadence. Des documens officiels publiés par le gouvernement des Pays-Bas sur la période décennale comprise entre 1814 et 1823 sont curieux à étudier à ce point de vue. En 1814, le nombre des bâtimens employés à la pêche est de 106 seulement. L’influence de la paix se manifeste par l’élévation subite de ce chiffre, qui monte à 140 dès 1815. Le maximum arrive bientôt, en 1818, où l’on compte 168 bâtimens pêcheurs ; mais ce nombre diminue rapidement et n’est plus que de 128 en 1823. Cette année, le produit total des pêcheries hollandaises atteignit seulement 468,000 florins (987,480 fr.). Elles se trouvèrent en perte de 200,000 florins (422,000 fr.). Quelque déplorable que puisse paraître cette décadence, lorsqu’on la compare à la prospérité dont nous venons d’esquisser le tableau, elle s’est encore aggravée pendant les dix années suivantes. En 1833, il ne sortit pas une seule buyse des ports de Hollande, mais seulement 49 flibots, petits bâtimens d’un faible tonnage généralement destinés aux pêches côtières. Toutefois ces mauvais jours semblent être arrivés à leur terme. En 1836, la Hollande a armé 117 buyses pour la grande pêche d’été, et la pêche d’hiver, dans le Zuyderzée, a pris une extension remarquable. Cette dernière a donné à elle seule, par l’exportation de ses produits, 313,241 florins (660,938 fr.). On nous assure que ce mouvement ascensionnel a continué depuis, et que, si la pêche du hareng ne peut plus avoir pour la Hollande la même importance que par le passé, du moins elle tend à reconquérir un rang honorable parmi les industries de ce pays.